Côte d'Ivoire : Gbagbo accuse Ouattara et la France

01/02/2016
Côte d'Ivoire : Gbagbo accuse Ouattara et la France

Laurent Gbagbo (Archives)

La défense de Laurent Gbagbo a affirmé lundi que son rival, le président Alassane Ouattara, s'était emparé du pouvoir "par la force" avec l'aide de la France. La bataille d'Abidjan est la mise en oeuvre de cette stratégie", a déclaré l'avocat de M. Gbagbo.

Emmanuel Altit s'est exprimé au troisième jour du procès de l'ex-président ivoirien devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye. Rappelant que son client a été arrêté en avril 2011 après des bombardements français, l'avocat a soutenu que "la France ne voulait pas d'une paix négociée" entre les deux rivaux de la présidentielle de fin 2010.

Il a accusé Paris, l'ancienne puissance coloniale, d'avoir préparé "en sous-main" l'offensive ayant mené à la chute de l'ex-président. Cela notamment en fournissant des armes aux forces pro-Ouattara malgré un embargo décrété par l'ONU.

L'ex-président, 70 ans, et son coaccusé Charles Blé Goudé, 44 ans, ex-chef de milice, sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Ce dernier a été reconnu vainqueur par la communauté internationale de l'élection présidentielle de 2010. Les violences avaient fait plus de 3000 morts en cinq mois dans les deux camps.

M. Gbagbo est le premier ex-chef d'Etat poursuivi par la CPI. Son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit durer entre trois et quatre ans, est un test pour la Cour, entrée en fonction en 2003. A l'ouverture du procès jeudi, la procureure Fatou Bensouda avait accusé M. Gbagbo de s'être accroché au pouvoir "par tous les moyens".

Mais l'avocat de Laurent Gbagbo a accusé le bureau du procureur de faire une lecture "partielle" des événements ayant secoué la Côte d'Ivoire et de peindre "à grands traits un camp du bien et un camp du mal". Le dossier présenté par l'accusation "n'est que la reprise pure et simple, sous des habits juridiques, d'un narratif de nature politique", a soutenu Me Altit.

"Peut-être veut-on faire oublier les crimes, dont les pillages et les viols, dont s'étaient rendus coupables dès décembre 2010 soldats et mercenaires pro-Ouattara?", s'est-il interrogé.

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