L'Italie redoute la création d'un califat en Libye

18/02/2015
L'Italie redoute la création d'un califat en Libye

Risques évidents de fusion entre l'EI et des milices locales

L'Italie, qui redoute l'installation d'un califat en Libye a averti mardi que le temps était compté pour une solution politique, face au renforcement de l'organisation de l'Etat islamique (EI) à 350 km de ses côtes.

La détérioration de la situation sur place requiert un changement de rythme de la part de la communauté internationale avant qu'il ne soit trop tard, a déclaré mercredi le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, devant les députés.

Le temps est d'autant plus limité, a expliqué M. Gentiloni, qu'il existe en Libye des risques évidents de fusion entre l'EI et des milices locales.

Nous sommes face à un pays au territoire immense et aux institutions défaillantes et cela a des conséquences potentiellement graves non seulement pour nous mais aussi pour la stalibité et la permanence des processus de transition dans les Etats africains voisins.

L'Italie redoute aussi un exode massif de migrants depuis la Libye, où déjà chaque jour des centaines d'entre eux sont récupérés en mer par les sauveteurs italiens. Près de 4.000 ont ainsi été sauvés depuis vendredi dernier, ce qui dépasse déjà largement le total du mois de février 2014, une année pourtant record, selon le décompte de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Plus de 330 de ces migrants ont toutefois trouvé la mort la semaine dernière, la plupart en raison du froid, et l'Italie a depuis appelé au renforcement de l'opération Triton de surveillance des côtes, gérée par l'Union européenne, qui a remplacé l'opération plus ambitieuse de sauvetage en mer, Mare Nostrum.

Il est donc urgent pour Rome de ramener la stabilité en Libye où l'unique solution, a insisté M. Gentiloni, est politique, assurant que l'Italie ne voulait ni aventures et encore moins de croisades.

Le gouvernement italien est prêt en revanche à s'investir fortement dans le désarmement des milices, et leur intégration dans l'armée régulière, la reconstruction des infrastructures libyennes, et la relance de plans de coopération, gêlés depuis plus d'un an.

L'Italie espère que la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, prévue mercredi à New York, fasse prendre conscience de la nécessité de redoubler les efforts pour favoriser le dialogue politique en Libye.

Les grandes puissances occidentales, dont l'Italie, ont rendu publique mardi une déclaration commune dans laquelle elles affirment la nécessité d'une solution politique en Libye et appellent à la formation d'un gouvernement d'unité nationale qu'elles sont prêts à soutenir. La formation d'un gouvernement d'unité nationale, que ces grandes puissances occidentales (Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) se disent prêtes à soutenir, constitue le meilleur espoir pour les Libyens, selon cette déclaration.

Celle-ci annonce par ailleurs que le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leon, convoquera dans les prochains jours une série de réunions dans le but d'aboutir à la formation de ce gouvernement d'unité nationale. Ceux qui ne participeront pas à ce processus de réconciliation s'exclueront de la solution politique en Libye, ajoute cette déclaration.

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