Brésil : malgré l'invalidation de Lula, le PT veut y croire

01/09/2018
Brésil : malgré l'invalidation de Lula, le PT veut y croire

Luiz Inacio Lula da Silva

Grand favori des sondages pour la présidentielle d'octobre au Brésil, Lula, incarcéré depuis avril pour corruption, a été déclaré inéligible dans la nuit de vendredi à samedi mais son parti veut lutter "par tous les moyens" pour qu'il se présente et continue à le considérer comme son candidat.

À l'issue d'un jugement fleuve dont la lecture s'est prolongée tard dans la nuit, le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) a invalidé la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva, par six voix contre une.

L'ex-président (2003-2010), âgé de 72 ans, ne pourra pas briguer un troisième mandat, mais le Parti des Travailleurs (PT) a promis de "déposer tous les recours possibles".

"Nous allons le défendre dans les rues, avec le peuple, parce qu'il est le candidat de l'espérance", a affirmé le parti fondé par Lula dans un communiqué.

La décision du TSE a également interdit le PT de présenter Lula comme candidat dans les spots campagne télévisée qui a commencé à être diffusés samedi, mais l'icône de la gauche était pourtant la figure centrale de la vidéo du parti.

Avant le début du programme, un texte sur écran bleu indiquait que "la volonté du peuple avait souffert un rude coup avec l'invalidation de la candidature de Lula" en dépit d'une recommandation de l'ONU préconisant qu'il pouvait se présenter le temps que tous les recours soient épuisés.

De nombreuses images montraient l'ex-président, mais aussi son colistier, Fernando Haddad, pressenti pour le remplacer en tête du ticket.

Ancien maire de Sao Paulo, Haddad, 55 ans, dit "jurer loyauté" à son mentor, en ajoutant "nous sommes avec Lula jusqu'au bout".

Le TSE a donné au PT dix jours pour choisir un successeur à son leader historique. 

Hasard du calendrier ou non, M. Haddad a fait campagne samedi dans l'Etat pauvre de Pernambouc (nord-est), plus particulièrement dans la petite ville de Caetés, terre natale de Lula.

"Notre cause est bien plus importante que nos difficultés. J'arrive sur les terres de Lula, plus disposé que jamais à serrer les rangs derrière notre président", a-t-il publié en fin de matinée sur Twitter.

Lundi, ce fils de commerçants libanais sera à Curitiba (sud), pour rendre visite à son mentor dans la prison où il purge une peine de 12 ans et un mois de réclusion.

"Le PT doit redéfinir sa stratégie et rien ne sera décidé avant la rencontre d'Haddad et d'autres membres du parti avec Lula lundi", a affirmé l'éditorialiste Tereza Cruvinel dans l'édition de samedi du Jornal do Brasil.

D'après le dernier sondage de l'institut Datafolha, Lula caracole en tête, avec 39%, 20 points de plus que le deuxième, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro. Mais M. Haddad, peu connu du grand public, peine à dépasser les 4%.

"Le PT a beau pleurnicher, la décision du TSE est un soulagement pour le parti dans sa tentative de rendre viable la candidature d'Haddad", a affirmé samedi Igor Gielow, dans son éditorial sur le site du quotidien Folha de S. Paulo. Pour lui, le PT traînait la candidature de Lula "comme un boulet".

"Le match commence maintenant. Le PT ne peut plus reporter cette décision douloureuse d'admettre que Lula n'est plus candidat", a expliqué à l'AFP Eduardo Grin, analyste politique de la Fondation Getulio Vargas, qui ajoute néanmoins que "l'ombre de Lula va continuer à planer sur les élections".

Les autres candidats, eux, se félicitent d'y voir enfin plus clair et tentent de s'engouffrer dans la brèche.

"La décision (de déclarer Lula inéligible) rendra la campagne plus claire pour les électeurs, évitant le traumatisme d'un remplacement à la veille de l'élection", a affirmé sur Twitter le candidat de centre-gauche Ciro Gomes.

Pour la candidate écologiste Marina Silva, "à partir de cette décision du TSE, le processus électoral pourra suivre son cours dans la légalité".

L'invalidation de la candidature de Lula a également suscité des réactions internationales, notamment de la part de ses alliés traditionnels, comme le président bolivien Evo Morales. 

"Nous rejetons cette décision parce qu'elle porte atteinte à la démocratie et à la volonté du peuple brésilien", a-t-il publié sur Twitter.

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