Colombie : sauver l'accord de paix

13/11/2016
Colombie : sauver l'accord de paix

Le texte avait été rejeté lors d'un référendum le 2 octobre

La guérilla des Farc et le gouvernement colombien ont annoncé samedi à Cuba s'être entendus sur un traité de paix remanié. Le nouveau texte tente de sauver l'accord historique mettant fin à 52 ans de guerre, rejeté par référendum le mois dernier en Colombie.

"Nous sommes parvenus à un nouvel accord de paix final pour la fin du conflit armé", ont annoncé les deux parties dans un communiqué commun lu à La Havane par des diplomates de Cuba et de Norvège, pays garants du processus de paix. Le document "contient des changements, des précisions et des contributions de divers secteurs de la société".

La guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et le gouvernement du président Juan Manuel Santos tenaient depuis le 22 octobre à La Havane des discussions sur les changements pouvant être apportés pour sauvegarder l'accord signé le 26 septembre après quatre ans de négociations à Cuba.

Le texte avait été rejeté à la surprise générale lors d'un référendum le 2 octobre, empêchant sa mise en application qui visait à mettre fin à ce conflit armé ayant fait des millions de victimes, décédées, déplacées ou disparues.

L'accord initial prévoyait que les Farc déposent les armes et deviennent un parti politique. Le camp du "non" en Colombie, mené par l'ex-président Alvaro Uribe, prônait en revanche des sanctions plus sévères pour les ex-guérilleros.

"Le nouvel accord doit constituer un compromis entre tous les Colombiens qui contribue à dépasser la polarisation et rassemble toutes les expressions politiques et sociales", indiquent les négociateurs.

Ces deniers ont indiqué que le détail des modifications apportées à l'accord serait mis en ligne dans la soirée sur le site. Et la publication du texte complet de l'accord interviendra "dans les prochains jours".

"Nous appelons toute la Colombie et la communauté internationale (...) à soutenir ce nouvel accord et sa mise en oeuvre rapide afin de laisser au passé la tragédie de la guerre", poursuivent-ils. "La paix ne peut plus attendre."

"Nous sommes convaincus que ce document propose des chemins viables" pour mettre fin à un conflit qui a fait officiellement 260'000 morts, près de 7 millions de déplacés et quelque 45'000 disparus, a souligné devant la presse le chef négociateur de la partie gouvernementale, Humberto de la Calle. Celui-ci a également estimé que les ajustements apportés "ne sacrifient pas les convictions ayant donné vie au premier accord".

De son côté, le chef de la délégation des Farc aux pourparlers, Ivan Marquez, a affirmé que la guérilla avait fourni "un effort plus important pour répondre aux aspirations à la paix". "Le seul chemin que doit prendre le nouvel accord est son application".

L'ancien président Alvaro Uribe a annoncé avoir demandé à ce que le nouvel accord soit examiné par son camp ainsi que les victimes du conflit avant d'être instauré. "J'ai demandé au président que les textes annoncés à la Havane ne soient pas définitifs", a-t-il dit sur son compte Twitter, ajoutant vouloir y apporter de nouvelles modifications.

Le président Juan Manuel Santos, lauréat cette année du prix Nobel de la paix, a fait de la fin du conflit l'enjeu clé de son mandat. Le président colombien devrait s'exprimer sur le texte plus tard dans la journée de dimanche.

Pour l'heure, les parties n'ont pas précisé si une consultation serait à nouveau organisée.

En parallèle des discussions avec les Farc, le gouvernement colombien devait ouvrir fin octobre des pourparlers de paix avec la seconde guérilla du pays, l'Armée de libération nationale (ELN). Mais le processus a été suspendu par le gouvernement, qui exige préalablement la libération d'un ex-député détenu prisonnier par l'ELN.

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