PDVSA sauve temporairement le Venezuela

27/10/2017
PDVSA sauve temporairement le Venezuela

Le président Maduro se vante d'être bon payeur

Asphyxié par la crise économique, le Venezuela a éloigné vendredi la perspective d'un défaut de paiement grâce au remboursement d'une échéance de dette par le groupe pétrolier d'Etat PDVSA, mais il doit payer 3 milliards de dollars d'ici fin 2017.

"PDVSA annonce avoir entamé les transferts bancaires correspondant au paiement du principal du bon PDVSA 2020 pour un montant total de 841,88 millions de dollars, vers les comptes de la banque JP Morgan", selon un communiqué de l'entreprise.

Le groupe public a ainsi remboursé le capital et non les intérêts - 143,1 millions -, assortis d'un délai de grâce de 30 jours.

PDVSA souligne que ce remboursement "montre une fois de plus sa solide capacité opérationnelle et financière" et "dément les voix sinistres qui parient sur l'effondrement économique du pays".

Si l'entreprise d'Etat avait raté le coche, le pays aux immenses réserves pétrolières, mais ruiné par la chute des cours du brut, serait tombé automatiquement en défaut de paiement, une probabilité que l'agence Bloomberg chiffre à 79% en 2018 et 99% au cours des cinq prochaines années.

Elle doit encore rembourser jeudi prochain une échéance de 1,17 milliard de dollars, dont elle devra payer au minimum 1,12 milliard (capital sans les intérêts).

Les bons de PDVSA sont sous surveillance négative de l'agence de notation SP Global Ratings, alors que, selon les analystes, les sanctions imposées en août par les Etats-Unis, interdisant d'acheter de nouvelles obligations vénézuéliennes, pénalisent déjà les ressources du gouvernement.

Au total, entre dette souveraine et de PDVSA, le pays devait rembourser 1,63 milliard de dollars en octobre, 1,89 milliard en novembre et 242,5 millions en décembre, selon le cabinet Aristimuño Herrera & Asociados.

Et ses réserves sont au plus bas depuis vingt ans, à 10,09 milliards.

Derrière ces craintes de défaut de paiement, il y a l'effondrement économique d'un pays dépendant à 96% du pétrole: en quatre ans, le PIB a chuté de 36%, selon le cabinet Ecoanalitica, qui estime le déficit extérieur du Venezuela à 12 milliards de dollars en 2018, année où, selon lui, il entrera en hyper-inflation, le FMI tablant sur 2.349,3%.

Mais le gouvernement socialiste de Nicolas Maduro tentera par tous les moyens d'éviter une cessation de paiements, continuant de sacrifier les importations, selon plusieurs analystes consultés.

"Il essaiera de payer quelles que soient les circonstances. Le gouvernement est conscient que le coût de ne pas le faire est beaucoup plus élevé que celui de le faire", commente César Aristimuño.

Le remboursement des créanciers - situés à 70% aux Etats-Unis, selon Nicolas Maduro - devrait aggraver les pénuries d'aliments et médicaments, dont l'Etat est le principal importateur.

Le montant des importations a déjà fondu de 70 milliards de dollars en 2012 à 12,5 milliards cette année, selon Ecoanalitica.

Le cabinet affirme que le gouvernement, qui applique un strict contrôle des changes, a gelé en septembre l'octroi de devises au secteur privé, empêchant ainsi les entreprises d'importer des marchandises.

Si le Venezuela respecte tous ses engagements, il aura remboursé au total cette année 9,91 milliards de dollars, selon César Aristimuño. Pour 2018, les échéances s'élèvent à 8 milliards, sur une dette externe estimée à 100 milliards.

Le président Maduro se vante d'être bon payeur et d'avoir remboursé 60 milliards à ses créanciers internationaux depuis 2015, malgré la "guerre économique" menée selon lui par Washington et la droite vénézuélienne.

Pourra-t-il toujours le faire? Pour Henkel Garcia, analyste d'Econométrica, il est "impossible que le Venezuela puisse continuer sans restructurer sa dette". "A un moment, dans les prochaines années, il devra le faire".

Il devra alors négocier avec ses deux premiers créanciers: la Chine, à qui il doit 28 milliards, et la Russie, qui lui en a prêté 8, indique M. Aristimuño. Mais aucun des deux ne semble vouloir financer les 12 milliards de dollars dont le Venezuela a besoin en 2018.

Et le FMI écarte tout plan de sauvetage de ce pays qui a rompu les relations avec l'institution en 2007.

"Il n'existe aucune discussion avec les autorités sur un programme du Fonds pour le Venezuela (...). Nous n'avons pas eu de contacts significatifs avec les autorités depuis au moins 10 ans", a assuré un porte-parole à Washington.

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