Apaisement entre la Turquie et l'Allemagne

08/09/2016
Apaisement entre la Turquie et l'Allemagne

'Clarification allemande'

La Turquie a donné jeudi un clair signal d'apaisement des tensions avec Berlin en levant une interdiction faite aux députés allemands de se rendre sur sa base militaire d'Incirlik, instaurée après l'adoption d'une résolution parlementaire sur le génocide arménien.

Je me réjouis que le gouvernement turc ait autorisé les visites prévues par la commission de la Défense du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, a déclaré le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, après trois mois de crispation consécutive à la reconnaissance par le chambre des députés du génocide arménien, qui avait ulcéré la Turquie.

Avec cette décision du gouvernement turc, nous avançons d'un pas, a ajouté le chef de la diplomatie allemande, alors que les motifs de discorde avec Ankara, partenaire clé de l'Allemagne et de l'Union européenne dans la gestion de la crise migratoire, restent nombreux.

A Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a confirmé que les élus allemands pourraient se rendre sur la base militaire du sud du pays. Pour délivrer ces visas (aux élus allemands), nous avons clairement dit à l'Allemagne quelles étaient les conditions, a-t-il souligné.

L'Allemagne a rempli ces conditions, a-t-il ajouté.

L'autorisation pour les députés d'aller à Incirlik suit de quelques jours une initiative du gouvernement allemand pour prendre ses distances avec la résolution adoptée le 2 juin par le Bundestag, en soulignant son caractère non contraignant. Ce texte qualifiait de génocide les massacres d'Arméniens commis en 1915 sous l'Empire ottoman.

Le chef de la diplomatie turque s'est félicité de cette clarification allemande. 

Ils ont compris qu'ils ne pouvaient traiter la Turquie comme bon leur semble, a-t-il déclaré, ils ont vu que nous ferions ce qui nous plaît et compris ce qui n'était pas acceptable pour la Turquie, a-t-il ajouté, au risque de rallumer la polémique.

En représailles au vote de la motion des députés allemands sur le génocide arménien, la Turquie avait interdit aux parlementaires allemands l'accès à Incirlik, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l'organisation Etat islamique.

Un nouveau différend germano-turc a cependant émergé lundi avec la confiscation, par les autorités turques, d'une interview tournée par la radio-télévision allemande Deutsche Welle avec le ministre des Sports, Akif Cagatay Kilic.

La liberté de la presse est pour nous un bien précieux, et je dois dire non négociable, a déclaré mercredi le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, déplorant l'incident face à la presse.

Dans le dossier migratoire, sur lequel Angela Merkel a concentré ses efforts diplomatiques depuis un an, la Turquie menace de rompre l'accord avec l'UE qui a jugulé l'afflux de réfugiés vers l'Europe si ses citoyens ne sont pas exemptés de visas Schengen. Or Ankara refuse de mettre en oeuvre certaines conditions posées par les Européens pour bénéficier de cette exemption.

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