Tadjikistan : présidence à vie

22/01/2016
Tadjikistan : présidence à vie

Emomali Rakhmon

Le parlement tadjik a approuvé vendredi un amendement à la Constitution permettant à Emomali Rakhmon de briguer un nombre illimité de mandats présidentiels. Cette décision ouvre ainsi la voie à une présidence à vie pour le dirigeant du plus pauvre pays d'Asie centrale

"Selon la constitution tadjike, une personne ne peut se présenter que deux fois au poste de président. Cependant, cela ne concerne pas le chef de la nation", a déclaré le député tadjik Makhmadali Vatanzoda, président de la commission des lois et des droits de l'Homme, après le vote.

Les 62 députés ont approuvé l'amendement, qui doit encore être approuvé par la cour constitutionnelle puis être adopté par référendum.

Le titre de "chef de la nation" à vie avait été attribué en décembre à Emomali Rakhmon, renforçant un peu plus le culte de la personnalité du président tadjik.

Les députés ont également approuvé l'abaissement de l'âge minimal pour se présenter à l'élection présidentielle de 35 à 30 ans et "ont proposé d'interdire les partis politique à caractère religieux", a précisé M. Vatanzoda, assurant que "tous ces changements ont pour objectif d'assurer la paix et la stabilité du pays".

Selon les analystes, l'âge minimal pour se présenter à l'élection présidentielle a été abaissé pour permettre au fils du président Rakhmon, aujourd'hui âgé de 27 ans, d'avoir une chance de se présenter à l'élection présidentielle en 2020.

Arrivé au pouvoir en 1992, Emomali Rakhmon est élu président une première fois en 1994 puis réélu en 1999.

A la faveur d'une réforme constitutionnelle, il avait été autorisé à se représenter deux fois à une présidentielle, ce qui lui avait permis d'être réélu en 2006 et 2013. Lors de sa dernière élection, l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avait qualifié le scrutin d'"élection sans réel choix".

Mis à part le Kirghizstan, seul État de la région à mener des élections jugées libres et équitables, les pays d'Asie centrale sont gouvernés par des autocrates au pouvoir depuis plusieurs décennies.

Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, tout comme son homologue ouzbek Islam Karimov, sont ainsi arrivés au pouvoir dès 1989 alors que leur pays était encore membre de l'Union soviétique. Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov n'est lui arrivé au pouvoir qu'en 2006, après la mort de son prédécesseur Saparmourat Niazov.

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