UE-Turquie : relations dégradées

25/05/2017
UE-Turquie : relations dégradées

Recep Tayyip Erdogan

L'UE veut "continuer à coopérer" avec la Turquie, malgré les vives tensions avec Ankara, ont affirmé ses dirigeants jeudi après avoir reçu le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Nous avons discuté de la nécessité de coopérer, j'ai mis la question des droits de l'homme au centre de nos discussions", a commenté le président du Conseil européen, Donald Tusk, après un entretien auquel a également participé le président de la Commission Jean-Claude Juncker.

M. Juncker a eu un tête-à-tête d'une demi-heure avec M. Erdogan après cette rencontre trilatérale, a précisé une porte-parole de la Commission. "L'UE et la Turquie doivent et vont continuer de coopérer. Des questions majeures d'intérêt commun ont été discutées en détail dans une atmosphère bonne et constructive", a-t-elle ajouté.

"Durant la rencontre, ils (les dirigeants) ont souligné la nécessité d'appliquer l'accord (migratoire) Turquie-UE de mars 2016", a-t-on indiqué de sources de la présidence turque.

Ils ont également souligné l'importance de "raviver les relations Turquie-UE, et séparément le besoin de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme", selon les mêmes sources.

Mercredi, M. Erdogan avait une nouvelle fois exhorté l'UE à prendre une décision sur la question de l'adhésion de la Turquie, demandant que son pays ne soit pas traité comme un "mendiant" aux portes de l'Europe.

"L'UE attend que la Turquie se retire d'elle-même", avait-il déclaré depuis Ankara avant de partir pour Bruxelles, où il doit également participer jeudi à un sommet de l'Otan après son entretien avec MM. Juncker et Tusk.

En marge de cette réunion de l'Otan, la chancelière allemande Angela Merkel a menacé de retirer les soldats allemands de la base militaire d'Incirlik, en Turquie, au coeur d'une passe d'armes entre Berlin et Ankara.

Les autorités turques avaient interdit la semaine dernière à des députés allemands de se rendre sur cette base où sont déployés des militaires allemands et qui sert aux opérations de la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique.

"Je veux dire très clairement dans l'entretien avec le président turc qu'il est indispensable pour nous, parce que nous avons une armée soumise à l'autorité du Parlement, que nos soldats doivent pouvoir recevoir la visite de membres du Bundestag. Sinon il faut que nous quittions Incirlik", a averti la chancelière.

Selon ses services, Mme Merkel a par ailleurs "exigé" de M. Erdogan la libération du correspondant du journal Die Welt Deniz Yucel, emprisonné en Turquie depuis fin février, une des nombreuses sources de tension entre les deux pays.

Lors d'une rencontre séparée à Bruxelles entre M. Erdogan et le président français Emmanuel Macron, le chef d'Etat turc a par ailleurs promis jeudi selon la présidence française d'examiner "rapidement la situation" du photojournaliste français Mathias Depardon, détenu depuis une quinzaine de jours en Turquie.

L'entretien s'est déroulé dans "une atmosphère positive", ont précisé les sources de la présidence turque.

Déjà houleuse depuis le putsch manqué de juillet 2016 en Turquie et la vague de répression qui a suivi, les relations UE-Turquie se sont encore dégradées pendant la campagne pour le récent référendum sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan.

Les autorités belges et allemandes ont déjà prévenu qu'elles s'opposeraient à la tenue sur leur sol d'une éventuelle campagne référendaire turque pour un rétablissement de la peine de mort, envisagé en Turquie.

Réintroduire la peine capitale mettrait fin à toute perspective d'adhésion de la Turquie à l'UE, a plusieurs fois prévenu Bruxelles.

De son côté, M. Erdogan a affirmé début mai qu'il dirait "au revoir" à l'UE si de nouveaux chapitres de négociations n'étaient pas ouverts dans le processus d'adhésion entamé en 2005 mais enlisé depuis des années.

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