Retour de la Russie sur le marché de la dette

25/05/2016
Retour de la Russie sur le marché de la dette

Certains économistes se montrent circonspects face au résultat

La Russie s'est félicitée d'avoir enregistré une offre quatre fois supérieure à l'offre pour son premier emprunt en dollars depuis l'introduction de sanctions occidentales, même si certains analystes doutent du réel succès de cette opération après la mise en garde des Etats-Unis.

Selon le résultat de cette première émission de dette publique sur les marchés internationaux depuis septembre 2013, publié mardi soir par le ministère des Finances, l'Etat russe a levé 1,75 milliard de dollars en titres sur dix ans à un taux de 4,75%, soit un peu plus de la moitié des 3 milliards de dollars permis par le budget pour cette année.

"Le montant total des offres des investisseurs s'est élevé à environ sept milliards de dollars", a souligné le ministre des Finances Anton Silouanov aux agences russes.

"Plus de 70% de l'émission a été souscrite par des investisseurs étrangers, qui étaient justement notre cible", a-t-il ajouté.

Le ministre s'est dit "satisfait" du résultat de cette opération test. "Malgré la pression exercée en coulisse sur certains participants des marchés financiers internationaux, la demande de la part des investisseurs étrangers de plusieurs régions a démontré le fort niveau de confiance envers la Russie comme emprunteur", a-t-il souligné.

Les sources bancaires interrogées par les médias avaient rapporté que les investisseurs étrangers étaient restés à l'écart de l'opération pendant les premières heures, forçant les autorités russes à la prolonger d'une journée pour les convaincre.

Cette levée obligataire se déroule alors que l'économie russe reste visée par des sanctions occidentales à cause de la crise ukrainienne. Ce régime pousse les investisseurs à la méfiance vis-à-vis des entreprises russes même non sanctionnées, de peur qu'indirectement les fonds ne finissent dans des secteurs ou entités sur liste noire américaine ou européenne.

Les banques occidentales contactées avaient refusé d'organiser l'opération, finalement confiée à l'établissement russe VTB Capital.

Les Etats-Unis avaient déconseillé aux firmes américaines de participer, le porte-parole du département d'Etat Mark Toner soulignant encore mardi les "risques, à la fois économiques et en termes de réputation".

Malgré la forte demande apparente, certains économistes se montraient circonspects face au résultat, relevant que le montant levé (1,75 milliard de dollars) était inférieur au totale permis par le budget (3 milliards).

Pour Natalia Orlova, économiste à Alfa Bank, cela "suggère qu'un placement plus important aurait été plus coûteux". "La deuxième et principale source d'inquiétude, c'est la qualité des investisseurs", a-t-elle ajouté.

Une source de marché anonyme interrogée par le journal Vedomosti estime ainsi que la longue durée de la prise en compte des offres des investisseurs a pu permettre à des participants russes de transférer leurs fonds hors de Russie, pour apparaître formellement étrangers.

Une source bancaire interrogée par le même quotidien estime que la demande a pu être "gonflée", certains investisseurs proposant plus que désiré pour faire jouer la concurrence et obtenir de meilleures conditions avant de réduire leur offre.

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