Chine : mea culpa du patron de la CSRC

18/01/2016
Chine : mea culpa du patron de la CSRC

Lacunes des Bourses chinoises

La volatilité "anormale" des Bourses chinoises, qui ont connu une dégringolade spectaculaire l'été dernier et ont récemment replongé, révèlent un "marché immature" et de graves "lacunes" de supervision, a reconnu lundi le chef de l'autorité de régulation des marchés financiers, dans un mea culpa inhabituel.

"Les fluctuations anormales des marchés boursiers ont révélé l'immaturité des Bourses chinoises, des investisseurs inexpérimentés et un système d'échange imparfait", a souligné Xiao Gang, président de la Commission de régulation des marchés financiers (CSRC).

"Elles ont aussi révélé des lacunes dans la supervision, des mécanismes de régulation inappropriés et sans effectivité", a-t-il ajouté dans une retranscription d'un discours interne, mise en ligne sur le site de la CSRC.

Les Bourses de Shanghai et Shenzhen s'étaient effondrées l'été dernier d'environ 40% en quelques semaines en dépit de vigoureuses mesures de soutien du gouvernement, dont des achats massifs d'actions et des tentatives pour restreindre les mouvements de ventes provoqués par la panique.

"Certaines institutions ont laissé prospérer les transactions illégales et irrégulières, au lieu d'assumer leurs responsabilités et de stabiliser le marché", a poursuivi M. Xiao. Certaines maisons de courtage sont d'ailleurs visées par des enquêtes, notamment pour délits d'initiés.

"Nous devons tirer des leçons approfondies (...) intensifier les réformes, renforcer la supervision, soutenir le développement de marchés de capitaux sains", notamment en poursuivant leur ouverture, a-t-il plaidé. Les places chinoises restent isolées du reste du monde, en raison de restrictions drastiques sur les flux de capitaux.

Cette reconnaissance d'erreurs de la CSRC --qui s'était montrée largement impuissante tout au long de 2015-- intervient peu après une violente rechute des Bourses chinoises la semaine dernière, provoquée par l'introduction d'un "coupe-circuit" par le régulateur.

Ce mécanisme, qui interrompait automatiquement les échanges en cas de forte baisse, s'est révélé totalement contre-productif et n'a fait qu'exacerber l'affolement des investisseurs, pour l'écrasante majorité de petits porteurs.

Le pronostic de Xiao Gang pour 2016 n'est cependant guère optimiste: il pointe la récente glissade des Bourses mondiales, le ralentissement de l'économie chinoise, la montée des risques de défauts de paiement dans le pays et la dépréciation du yuan --qui gonfle les flux de capitaux hors de Chine--, autant "de défis accrus" pour les régulateurs.

Sous pression, Pékin avait lancé fin 2015 des enquêtes tous azimuts ciblant le secteur financier et les maisons de courtage. Yao Gang, vice-président de la CSRC, avait lui même été placé sous enquête pour des faits supposés de corruption.

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