Elections municipales dans les territoires palestiniens

13/05/2017
Elections municipales dans les territoires palestiniens

La ville de Ramallah

Les Palestiniens élisent samedi leurs conseils municipaux seulement en Cisjordanie, la bande de Gaza gouvernée par le Hamas islamiste restant une fois de plus à l'écart en raison des différends entre mouvements rivaux.

Le Fatah du président Mahmoud Abbas et les candidats sans étiquette proches de lui devraient sans surprise rafler le plus grand nombre de sièges comme ce fut le cas lors des dernières municipales de 2012, boycottées par le Hamas. 

Le parti islamiste n'a pas présenté de liste sous son nom et a appelé du bout des lèvres à voter, après avoir dénoncé un scrutin "renforçant la division".

A 04H00 GMT, 145 bureaux de vote ont ouvert dans des écoles de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l'armée israélienne, a indiqué le président de la Commission électorale Hanna Nassir. Ils fermeront à 16H00 GMT et les résultats définitifs doivent être connus dimanche, selon lui.

A 10H00 GMT, le taux de participation était de 24,3%, selon la commission.

Aucun scrutin national ne s'est tenu dans les territoires palestiniens depuis 2006. 

Celui de samedi est de nouveau marqué du sceau de la division entre la Cisjordanie –dirigée par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas-- et la bande de Gaza –-aux mains du Hamas depuis 10 ans-— déjà séparées géographiquement par le territoire israélien.

Il se déroule également dans un contexte de violences latentes. Après la mort vendredi lors de heurts en Cisjordanie d'un Palestinien touché par des tirs de soldats israéliens, un second a été tué samedi à Jérusalem-Est après avoir attaqué au couteau un policier israélien.

A l'issue d'un long feuilleton judiciaire, la Haute cour de justice a reporté le scrutin dans l'enclave palestinienne sine die. L'absence de la bande de Gaza, avec ses deux millions d'habitants, scelle un nouvel échec des efforts de réconciliation.

Samedi, le Premier ministre Rami Hamdallah a accusé le Hamas d'en être l'unique responsable car il a "interdit" cette élection à Gaza où il maintient "un gouvernement" concurrent qui entérine "la séparation". 

A Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, Dona Kafri est allée voter dès l'ouverture de son bureau de vote dans le quartier cossu d'al-Tireh. Derrière un paravent, elle a coché l'une des quatre listes puis a glissé son bulletin dans l'urne. Elle a ensuite trempé son doigt dans une encre indélébile bleue, de façon à ne pas pouvoir voter deux fois. 

"Parce qu'on leur a donné nos voix, on pourra ensuite demander des comptes" aux élus, affirme à l'AFP cette électrice. 

"Il est important que chacun apporte sa voix", renchérit Rami Nazal, employé de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA), qui vote dans une école du quartier d'Aïn Mesbah. Mais il faudra aussi que les élus "assument la responsabilité qui leur est donnée", estime-t-il.

Pour Mme Kafri, "il était temps que nous puissions décider dans notre ville et notre pays".

La dernière présidentielle remonte à 2005. Le mandat de M. Abbas, expiré en 2009, court toujours faute d'accord avec le Hamas sur la tenue d'élections. C'est donc lui que rencontrera le président américain Donald Trump fin mai lors d'une visite en Cisjordanie et en Israël pour, dit-il, travailler à un accord de paix avec les Israéliens.

Quant au dernier Parlement, il a été élu en 2006, un scrutin remporté par le Hamas qui, privé de sa victoire par l'Autorité palestinienne, s'est lancé avec le Fatah de M. Abbas dans une quasi guerre civile qui a mené à la division actuelle.

Sur 1,1 million d'électeurs inscrits en Cisjordanie, "70% sont appelés à voter" samedi, a expliqué M. Nassir. Car dans 180 circonscriptions, majoritairement des villages, les habitants ont décidé par consensus qu'une seule liste se présenterait. 

Parmi les 4.400 candidats, le Fatah "est très représenté, mais les clans et les familles pèsent aussi largement", explique-t-il encore.

Mais comme lors des précédentes municipales, il sera difficile pour les observateurs de dégager de véritables tendances à l'issue de ce scrutin, tant les enjeux et les liens locaux jouent pour des électeurs qui disent attendre des actions locales concrètes plutôt qu'un programme politique.

Mais pour Zina Masri, qui votait à Ramallah, "des élections municipales, c'est déjà mieux que rien" dans un pays où "la situation est différente de partout ailleurs dans le monde".

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