La Turquie s'inquiète d'une offensive syrienne sur Idleb

06/09/2018
La Turquie s'inquiète d'une offensive syrienne sur Idleb

Heiko Maas

La Turquie a affirmé mercredi qu'elle s'efforçait d'empêcher une attaque du régime syrien contre Idleb, dernier grand bastion rebelle en Syrie, à deux jours d'un sommet avec Moscou et Téhéran, principaux soutiens de Damas.

"Nous menons des efforts intenses pour bloquer les attaques contre Idleb et empêcher le régime de violer le cessez-le-feu", a déclaré Mevlüt Cavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères.

"Le régime veut attaquer Idleb et en prendre le contrôle, cela est clair. Mais il y a des garants du régime: l'Iran et la Russie. Nos contacts avec eux se poursuivent", a-t-il souligné, s'exprimant à Ankara lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand Heiko Maas.

M. Maas a assuré que Berlin aussi maintient ses efforts pour empêcher une attaque contre Idleb, et éviter une "catastrophe humanitaire".

"La Turquie est certainement mieux préparée que d'autres pour peser" sur la question, a-t-il toutefois estimé.

Les président turc, Recep Tayyip Erdogan, russe, Vladimir Poutine, et iranien, Hassan Rohani, doivent s'entretenir vendredi pour un sommet sur la Syrie à Téhéran.

Ce sommet se tient alors que la communauté internationale s'inquiète d'une offensive qui paraît imminente du régime syrien et ses alliés contre Idleb, malgré les mises en garde de la Turquie, qui soutient les rebelles en Syrie, des Etats-Unis et de l'Europe.

Mercredi le régime a bombardé à l'artillerie plusieurs secteurs de la province au lendemain de raids russes ayant tué 13 civils, dont six enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'armée russe a confirmé des raids contre des jihadistes, loin de zones résidentielles.

"La solution n'est pas d'attaquer Idleb de toutes parts. Nous ne trouvons pas correct de faire cela avant la tenue du sommet de Téhéran", a souligné le chef de la diplomatie turque.

M. Maas, a été reçu mercredi à Ankara par son homologue turc et M. Erdogan, au moment où les deux pays tentent de normaliser leurs relations, tendues depuis le putsch manqué de juillet 2016.

Les relations entre Ankara et Berlin se sont nettement détériorées après la tentative de putsch de juillet 2016 et la détention en Turquie de plusieurs citoyens allemands ou binationaux. Selon Berlin, sept Allemands ou binationaux sont actuellement détenus en Turquie pour des raisons "politiques".

Mais depuis le début de l'année, les deux alliés au sein de l'Otan affirment vouloir normaliser leurs relations, une volonté réitérée mercredi par MM. Maas et Cavusoglu.

De plus, la Turquie traverse actuellement une grave crise diplomatique avec les Etats-Unis, qui a eu un lourd impact sur son économie, et semble vouloir resserrer ses liens avec ses alliés européens. 

Une journaliste et traductrice allemande, Mesale Tolu, jugée en Turquie pour activités "terroristes", a ainsi été autorisée à rentrer en Allemagne fin août.

M. Maas se rendait mercredi soir à Istanbul pour assister jeudi à la cérémonie d'ouverture d'un lycée allemand.

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