Un monde en difficulté

19/09/2017
Un monde en difficulté

António Guterres mardi à New-York

A l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations Unies mardi, le secrétaire général, António Guterres, a décrit un monde en difficulté, « où les êtres humains souffrent et la colère gronde », et a appelé les Etats membres à « agir pour faire régner la paix ».

«Notre monde est en difficulté. Des êtres humains souffrent et la colère gronde. L'insécurité gagne du terrain, les inégalités s'accentuent, les conflits se propagent, les changements climatiques s'accélèrent», a déclaré M. Guterres à la tribune de l'Assemblée générale devant les chefs d'Etat et de gouvernement réunis au siège de l'ONU à New York.

«Face aux divisions qui ébranlent notre monde, nous devons agir pour faire régner la paix. Je suis fermement convaincu qu'ensemble nous pouvons instaurer la paix, rétablir la confiance et bâtir un monde meilleur pour tous », a-t-il ajouté.

Le chef de l'ONU a mis l'accent sur sept menaces ou épreuves auxquelles le monde doit faire face.

La première est le péril nucléaire. « Aujourd'hui, partout dans le monde, les craintes suscitées par les armes nucléaires sont à leur paroxysme depuis la fin de la guerre froide. La peur est bien réelle. Des millions d'êtres humains vivent dans la terreur des actes de provocation que sont les essais nucléaires et les tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée », a noté M. Guterres.

«Je condamne ces actes sans appel. J'engage la République populaire démocratique de Corée et tous les États Membres à se conformer pleinement aux résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il ajouté. « La résolution 2375 (2017), adoptée à l'unanimité la semaine dernière, renforce les sanctions et adresse un message sans équivoque à la République populaire démocratique de Corée pour qu'elle respecte ses obligations internationales. J'exhorte le Conseil de sécurité à continuer de présenter un front uni. Ce n'est qu'ainsi que l'on parviendra à dénucléariser la péninsule coréenne et, comme il est affirmé dans la résolution, qu'une solution diplomatique à la crise pourra être trouvée ».

Selon le Secrétaire général, « la solution doit être politique et les dirigeants doivent faire preuve de sagesse». « Réagissons! Ne nous laissons pas entraîner dans la guerre », a-t-il dit.

Plus largement, il faut, selon lui, que tous les pays fassent preuve d'une plus grande volonté d'atteindre l'objectif universel qu'est l'édification d'un monde sans armes nucléaires. « C'est aux États dotés d'armes nucléaires qu'il incombe tout particulièrement de montrer l'exemple », a-t-il déclaré.

Le chef de l'ONU a également abordé la menace mondiale qu'est le terrorisme. « Le renforcement de la coopération internationale demeure crucial », a-t-il dit. Il a remercié l'Assemblée générale d'avoir approuvé l'une de ses premières réformes : la création du Bureau de lutte contre le terrorisme.

M. Guterres a indiqué qu'il avait l'intention l'année prochaine de convoquer la toute première réunion des dirigeants des organismes nationaux chargés de la lutte contre le terrorisme de façon à instaurer un nouveau partenariat international de lutte contre le terrorisme.

S'agissant de la troisième menace que représentent les conflits qui ne sont pas réglés et les violations systématiques du droit international humanitaire, António Guterres a notamment évoqué les violences dans l'État de Rakhine au Myanmar.

«Les autorités du Myanmar doivent mettre un terme aux opérations militaires, laisser passer les secours humanitaires et reconnaître le droit des réfugiés au retour dans la sécurité et la dignité. Elles doivent aussi apporter une réponse aux griefs des Rohingyas, dont le statut est en suspens depuis trop longtemps », a-t-il déclaré.

La quatrième menace évoquée par le secrétaire général est le changement climatique. Il a rappelé que 2016 a été l'année la plus chaude de tous les temps et les 10 dernières années ont été plus chaudes que jamais.

«Les modèles scientifiques montrent sans équivoque que les phénomènes extrêmes que nous connaissons actuellement correspondent précisément à la nouvelle réalité d'une planète en voie de réchauffement », a-t-il dit. « Il est grand temps de réduire les émissions qui nous conduisent au suicide. Nous en savons suffisamment aujourd'hui pour agir : les preuves scientifiques sont irréfutables».

Il a exhorté les gouvernements à mettre en œuvre l'Accord de Paris sur le climat et à aller bien au-delà. Il a félicité « les villes qui se fixent des objectifs audacieux » et a accueilli favorablement « les initiatives prises par des milliers d'entreprises privées, y compris des sociétés pétrolières et gazières, qui font le pari d'un avenir propre, celui d'un avenir vert ».

La cinquième menace concerne les inégalités croissantes qui minent les fondements de la société et le contrat social.

«Plus de personnes se sont extirpées de la pauvreté extrême que jamais auparavant. Au niveau mondial, la classe moyenne est aussi plus importante que jamais. De plus en plus de personnes vivent plus longtemps et en meilleure santé. Mais les progrès ne sont pas équitables. Les disparités sont criantes, qu'il s'agisse des revenus, de l'égalité des chances ou de l'accès aux résultats de la recherche et de l'innovation », a noté le Secrétaire général.

«Nous avons un plan pour changer de cap et parvenir à une mondialisation équitable. Ce plan, c'est le Programme 2030 », a-t-il ajouté, en référence au Programme de développement durable à l'horizon 2030 adopté en 2015 par les Etats membres des Nations Unies.

Selon le SG, le côté obscur de l'innovation constitue la sixième menace que le monde doit affronter. Il a mentionné l'aggravation des menaces liées à la cybersécurité.

Il a noté que l'intelligence artificielle change la donne et peut stimuler le développement et améliorer les conditions de vie de façon spectaculaire. « Mais elle peut aussi avoir un effet redoutable sur le marché du travail et, en fait, sur la sécurité mondiale et sur le tissu social même », a-t-il dit.

Enfin, le chef de l'ONU a évoqué la mobilité humaine, « qui pour moi n'est pas une menace, même si certains la considèrent ainsi ». « La mobilité pose des problèmes particuliers, mais si elle est bien gérée, elle peut unir notre monde », a-t-il souligné.

«Soyons clairs : nous ne faisons pas seulement face à une crise des réfugiés, mais aussi à une crise de solidarité. Les pays ont le droit de contrôler leurs frontières. Mais cela ne doit pas se faire au détriment des droits des personnes qui cherchent ailleurs un avenir meilleur », a-t-il ajouté. « Au lieu de fermer nos portes et d'afficher notre hostilité, nous devons rétablir l'intégrité du régime de protection des réfugiés et simplement retrouver le sens de la compassion. L'ampleur du problème n'est pas insurmontable pourvu que, partout dans le monde, chacun assume pleinement sa part de responsabilité ».

Il a félicité les pays qui ont accueilli des millions de personnes déplacées de force, « avec un sens admirable de l'hospitalité ». « Nous devons redoubler d'efforts pour les aider dans cette tâche », a-t-il dit.

«Les migrations existent depuis toujours. Et elles continueront à exister, à cause des changements climatiques, de l'évolution démographique, de l'instabilité, des inégalités croissantes, des marchés du travail et de la volonté de mener une vie meilleure », a ajouté le Secrétaire général. « La réponse passe par l'instauration d'une coopération internationale qui aidera à encadrer les migrations de sorte que les bénéfices qu'elles apportent soient plus largement répartis et que les droits fondamentaux de toutes les personnes concernées soient protégés».

Commentaires

Loading comments ...

Loading comments ...