De l’ingérence à la négation de l’Etat

29/01/2015
De l’ingérence à la négation de l’Etat

Miliciens libyens devant l'hôtel Corinthia de Tripoli mardi dernier

C’était au départ une idée libérale.

Le principe selon lequel l’état n’a pas le droit de tout faire, que sa souveraineté connait des limites et que, si celles-ci sont franchies, la communauté internationale peut s’ingérer dans les affaires internes d’un état qui se trouvent de ce fait externalisées. Quoi de plus noble que de protéger les populations contre des tyrans qui abusent de leur pouvoir.

Mais, à force d’être galvaudée, l’ingérence est devenue un fourre tout qui met en péril la stabilité mondiale.

L’incertitude règne sur les organismes ou personnes habilités à mettre en mouvement l’opération d’ingérence : ce devrait être la communauté internationale rassemblée dans l’ONU, mais celle-ci est naturellement divisée et paralysée par le droit de veto des cinq grands. Aussi des Etats décident  de l’opération d’ingérence en fonction de leurs intérêts stratégiques, des groupes de pression s’approprient le droit d’ingérence et ferment les yeux ici et les ouvrent tout grands là.

La même équivoque pèse sur les situations réclamant l’ingérence il s’agira le plus souvent de protéger des citoyens contre la tyrannie étatique : minorités opprimées, régions oubliées. Le plus souvent ces actions d’ingérence visent à affaiblir les Etats en mettant leur  souveraineté entre parenthèses.

Le résultat de ces actions est souvent plus négatif que les blessures qu’elles souhaitent panser ;

Le cas de la Libye en est un bon exemple. Les bons samaritains ont tué l’Etat et s’étonnent de la situation d’anarchie. Les armes sont disséminées et au service de bandes incontrôlées. Le gouvernement est en pièces détachées.

L’ingérence inconsidérée met en péril la paix mondiale en remplaçant l’Etat par des nébuleuses et des pouvoirs gris plus dangereux pour les êtres humains que les régimes qu’elle souhaitait cantonner.

L’humanité du 21e siècle a besoin d’Etats démocratiques souverains et responsables de leurs actions dans des  frontières reconnues et non de minorités irresponsables qui refusent le ciment nécessaire de l’autorité étatique.

Koffi SOUZA

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