Pas de réforme sans argent

01/07/2018
Pas de réforme sans argent

Moussa Fakhi, le président de la Commission de l'Union africaine

Le 31e sommet de l’Union africaine, qui s’est ouvert dimanche à Nouakchott, va consacrer une partie des débats à la réforme en profondeur de l’institution.

Il s’agit avant tout de fournir les fonds nécessaires à son fonctionnement.

Paul Kagame, président du Rwanda et de l’UA, étudie les pistes de réformes depuis 2016.

Le rapport des équipes qu’il dirigeait a fait grand bruit. Il part d’un constat que ‘la volonté sans moyens n’est rien’ et de quelques chiffres.

Aujourd’hui, l’UA dépend massivement des bailleurs (UE en tête).

L’exemple le plus frappant est l’immense bâtiment qui lui sert de siège, entièrement offert et construit par la Chine.

En 2017, les États n’ont financé que 14 % des frais de fonctionnement. C’est mieux qu’en 2013, avec 3 %, mais cela reste loin des 75 % envisagés pour 2020.

L’objectif de payer 25 % des opérations de paix et de sécurité, les plus coûteuses, est encore inaccessible. Pour améliorer ce ratio rapidement, le président rwandais s’est appuyé sur les propositions des neuf experts qu’il avait mandatés et sur l’appui de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA.

Dans un avenir lointain, ces spécialistes poussent à la création sur le continent d’un marché unique (CFTA) pour les biens et la libre circulation des personnes afin d’accélérer le développement économique et fournir des revenus à l’organisation.

En attendant, Donald Kaberuka, un ancien patron de Banque africaine de développement (BAD), lui aussi rwandais, propose d’instaurer rapidement une taxe de 0,2 % sur les importations de produits non africains.

Les recettes attendues pourraient avoisiner le milliard de dollars.

L’Europe et l’ONU s’engagent en échange à fournir le reste du budget et une partie des opérations. La dernière mesure concerne la mise en place d’une force de paix africaine pour gérer les conflits sur le continent.

Les réformes ‘sont essentielles pour la santé à long terme de l’organisation, mais leur mise en œuvre ne sera pas une mince affaire’, souligne le think-tank International Crisis Group (ICG) dans un rapport.

Cette taxe, dont la mise en place a été évoquée lors d’une réunion de l’UA en janvier, devrait être au centre des discussions à Nouakchott.

Les réformes suscitent des résistances fortes et diverses. Certes 21 pays membres - sur 55 - se sont engagés à les soutenir. Mais elles n’ont pas été pour autant ratifiées par les Parlements. Et certains pays se montrent circonspects.

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