Nouveaux incidents au Soudan

28/12/2018
Nouveaux incidents au Soudan

Revendications sociales

La police a dispersé plusieurs manifestations organisées dans des villes du Soudan après la prière du vendredi et arrêté un leader de l'opposition, à la suite d'appels à la poursuite des protestations antigouvernementales.

Depuis le 19 décembre, le pouvoir du général Omar el-Béchir est confronté à une vague de manifestations, parfois meurtrières, à travers le pays contre surtout le triplement du prix du pain en plein marasme économique.

A Omdourman, ville jumelle de Khartoum, située sur la rive occidentale du Nil, des centaines de fidèles sortant d'une mosquée du parti Oumma, principal parti de l'opposition, ont scandé "Liberté, Paix, Justice", avant l'intervention des forces anti-émeutes qui ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes, selon des témoins.

Les forces anti-émeutes ont également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Port Soudan, Madani et Atbara, ville de l'est du pays où a débuté le mouvement de contestation, selon des témoins.

Des photos publiées par des militants sur les réseaux sociaux montrent d'épaisses colonnes de fumée s'élevant de plusieurs quartiers de Khartoum, alors que les manifestants ont brûlé des poubelles et des pneus.

Policiers et officiers des services de sécurité ont été déployés dans plusieurs secteurs de la capitale.

Réunis jeudi soir, des groupes d'opposition avaient appelé à poursuivre les manifestations dans les jours à venir, a indiqué le parti communiste dans un communiqué.

Plusieurs membres de formations de l'opposition ont été arrêtés en marge des manifestations.

Le parti du Congrès soudanais a ainsi indiqué que quelques heures après le début des manifestations vendredi, son chef Omar el-Digeir avait été arrêté par les services de sécurité.

"Il a été emmené vers une destination inconnue", a affirmé le parti dans un communiqué.

L'Association des écrivains soudanais a pour sa part fait état de l'arrestation mardi du poète Mohamed Taha qui avait participé à une manifestation.

"Nous ignorons où il se trouve", a-t-elle affirmé.

Le réseau des journalistes soudanais a fait état de l'arrestation de deux journalistes.

Jeudi, les autorités ont indiqué que 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, avaient été tuées depuis le début de la contestation. La plupart des manifestants ont été tués lors d'"incidents liés au pillage", avait affirmé le porte-parole du gouvernement, Boshara Juma.

Aristide Nononsi, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l'Homme au Soudan, s'est alarmé d'une escalade de la violence.

"J'appelle avec force les services de sécurité soudanais à la retenue pour éviter une escalade des violences et à prendre des mesures immédiates pour protéger le droit à la vie des manifestants", a-t-il dit dans un communiqué.

Sur décision du gouvernement, le prix du pain est passé d'une livre soudanaise (1 centime d'euro) à trois livres, tandis que le prix du carburant grimpait également, provoquant la colère de la population.

Au-delà des revendications sociales, parmi les manifestants il y en qui réclament aussi "la chute du régime" -slogan du Printemps arabe en 2011- du président Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l'inflation s'établir à près de 70% tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain.

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