Sierra Leone : crise au sommet de l'Etat

18/03/2015
Sierra Leone : crise au sommet de l'Etat

Ernest Bai Koroma

Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a annoncé avoir limogé son vice-président Samuel Sam-Sumana, qui a contesté mercredi cette décision, la jugeant illégale, et a fait saisir la Cour suprême.

Dans un communiqué lu à la radio dans la nuit de mardi à mercredi, le président a déclaré relever Samuel Sam-Sumana de ses fonctions de vice-président, avec effet immédiat, précisant être en discussion avec son parti, le Congrès de tout le peuple (APC), pour lui désigner rapidement un successeur.

M. Koroma a motivé cette décision par l'exclusion, le 6 mars, de M. Sam-Sumana de l'APC et le fait qu'il avait demandé le 14 mars l'asile auprès d'une ambassade étrangère, manifestant ainsi sa volonté d'abandonner ses fonctions.

Dans une déclaration mercredi soir, M. Samuel Sam-Sumana a estimé que le président Koroma n'était pas habilité à le limoger.

M. Koroma n'a pas le droit constitutionnel de me renvoyer parce que je n'ai pas été nommé par lui mais élu par la Constitution de la Sierra Leone sur un ticket président/vice-président, a affirmé M. Sam-Sumana, 52 ans.

Le président n'a pas le pouvoir de me relever de la vice-présidence parce qu'il n'existe aucune loi dans la Constitution qui lui donne ce pouvoir. C'est illégal, a-t-il insisté.

En tant que citoyen respectueux de la loi et de la paix en Sierra Leone, j'ai demandé à mon équipe juridique de poursuivre cette affaire auprès de la plus haute juridiction du pays, la Cour suprême, a-t-il dit.

Ces développements marquent une nouvelle étape dans la crise au sommet de l'Etat, qui a débuté le 6 mars par l'exclusion de l'APC de M. Sam Sumana, né le 17 avril 1962 à Koidu, ville de la région de Kono (est). Mardi, le chef de l'APC à Kono, Francis Bondo, avait réclamé la démission immédiate du vice-président.

M. Sam-Sumana, qui avait demandé la semaine dernière l'asile aux Etats-Unis en se disant en danger, est réapparu lundi soir à sa résidence alors que le 14 mars, son entourage assurait qu'il s'était mis en lieu sûr en attendant une réponse de l'ambassade américaine à sa demande d'asile.

Le 14 mars, des militaires avaient désarmé ses gardes. Selon des commentateurs locaux, M. Sam-Sumana se serait alarmé du remplacement la semaine dernière de ses gardes attitrés par un nouveau dispositif de sécurité.

Il a été exclu le 6 mars du parti au pouvoir après une enquête interne lancée en novembre 2014 pour mensonges sur ses diplômes et sa religion, et agressions sur des membres de l'APC dans sa région, des accusations qu'il a récusées.

Cette exclusion avait été prononcée lors d'une réunion à laquelle il n'a pu assister, s'étant placé lui-même en quarantaine en raison de la mort d'un de ses gardes, décédé d'Ebola.

Mercredi, le président Koroma a indiqué qu'il menait des discussions avec son parti pour trouver rapidement un successeur à M. Sam-Sumana, qui formait avec lui le ticket vainqueur aux élections présidentielles de 2007 et 2012.

La désignation du nouveau vice-président pourrait s'avérer cruciale: le président Koroma, 61 ans, originaire de Makeni (nord), est à deux ans de la fin de son dernier mandat et son nouveau bras droit pourrait faire figure de favori lors de la prochaine élection présidentielle.

Ce qui demeure incertain, c'est si le nouveau vice-président viendra aussi de ce district (de Kono) ou si la fonction sera confiée à quelqu'un venant d'ailleurs dans le pays, a relevé Harold Samuels, analyste politique et enseignant à l'université de Sierra Leone.

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