Alertes au colis suspect aux Etats-Unis

24/10/2018
Alertes au colis suspect aux Etats-Unis

Les personnalités visées

Des bombes artisanales adressées à Barack Obama, Hillary Clinton, CNN et d'autres détracteurs de Donald Trump: en pleine campagne pour les législatives, la polarisation politique américaine a pris un tour dramatique mercredi, Donald Trump appelant au rassemblement tandis que des élus démocrates l'accusaient d'attiser la violence.

En quelques heures, les alertes au colis suspect se sont succédé, de New York à la Floride en passant par Washington, avec une fausse alerte en Californie.

Aucune victime n'a été signalée mais les forces de l'ordre ont été placées en état d'alerte. Les responsables new-yorkais, toujours inquiets face au terrorisme depuis les attentats de septembre 2001, ont dénoncé des actes de "terreur", appelant la population à la vigilance.

"Dans des moments comme celui-ci, nous devons nous rassembler", a réagi Donald Trump. "Les actes et les menaces de violence politique n'ont pas leur place aux Etats-Unis".

La première alarme a retenti dans la matinée lorsque le service fédéral chargé de la protection des anciens présidents a annoncé avoir intercepté deux colis contenant "des engins explosifs potentiels", destinés à l'ex-secrétaire d'Etat démocrate Hillary Clinton, qui réside dans la banlieue de New York, et à l'ex-président démocrate Barack Obama, qui habite à Washington. 

Le paquet destiné à Mme Clinton, rivale malheureuse de Trump à la présidentielle 2016, a été intercepté mardi soir, celui destiné à Barack Obama mercredi matin, a indiqué le Secret Service. 

Aucun des colis n'a atteint ses destinataires, a-t-il précisé.

Peu après, la chaîne d'information CNN, souvent prise pour cible par Donald Trump qui l'accuse de critiquer systématiquement sa présidence, évacuait ses bureaux new-yorkais après la découverte d'un colis suspect.

La police new-yorkaise a confirmé que le colis contenait un engin "apparemment explosif" et une "poudre blanche", en cours d'analyse, a confirmé son chef, James O'Neill. 

Le paquet était adressé à John Brennan, ex-directeur de la CIA et commentateur sur CNN, très hostile à Trump, au point que le président américain lui a retiré en août son habilitation de sécurité.

La tension est devenue psychose lorsque la police de Floride a indiqué avoir trouvé un colis suspect près du bureau de l'élue au Congrès américain Debbie Wasserman Schultz, ex-présidente du comité national du parti démocrate.

Au moins deux autres personnalités démocrates, noires, l'ex-ministre de la Justice d'Obama, Eric Holder, et la députée californienne Maxine Waters ont aussi été visées par des colis suspects. 

Personne n'a revendiqué l'envoi de ces colis, survenu après qu'un engin explosif eut été retrouvé lundi dans la boîte aux lettres de la résidence new-yorkaise du milliardaire George Soros, démocrate notoire devenu une cible des nationalistes américains et européens.

Aucune arrestation n'a été annoncée. Mais le FBI a confirmé que les cinq petits paquets jaunes destinés à Soros, Clinton, Obama, Holder et Brennan étaient "d'apparence similaire" et portaient plusieurs timbres avec une même adresse d'expéditeur: celle de Mme Wasserman Schultz. 

La police fédérale a estimé "possible qu'il y ait d'autres paquets envoyés ailleurs", demandant au public d'être vigilant. 

Plusieurs responsables ont vu dans ces attaques le signe que la polarisation qui caractérise la vie politique américaine depuis l'élection de Donald Trump est allée trop loin.

"C'est une période troublante, une période de divisions profondes et nous devons faire tout notre possible pour nous rassembler", a déclaré Hillary Clinton, avant d'appeler à voter pour des candidats "qui feront cela". 

"Nous traversons une période où les gens ressentent beaucoup de haine dans l'air", a déclaré le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, en annonçant un dispositif policier renforcé dans la capitale financière américaine.

Malgré l'appel au rassemblement de Trump, et la condamnation de l'envoi des colis par plusieurs responsables républicains, les chefs démocrates au Congrès ont accusé le président américain de cautionner la violence, rappelant qu'il avait qualifié les médias d'"ennemis du peuple" et tardé à dénoncer les militants d'extrême droite à l'origine des violentes manifestations de Charlottesville à l'été 2017. 

"De façon répétée, le président cautionne la violence physique et divise les Américains avec ses mots et ses actes", ont indiqué Nancy Pelosi et Chuck Schumer dans un communiqué commun.

Le président de CNN, Jeff Zucker, a lui accusé la Maison Blanche d'"incompréhension totale face à la gravité de ses attaques continues contre les médias".

"Le président et surtout la porte-parole de la Maison Blanche doivent comprendre que les mots ont une importance", a-t-il ajouté. 

L'envoi de ces engins explosifs survient en pleine campagne pour les élections parlementaires du 6 novembre, qui verront le renouvellement de la totalité des 435 membres de la Chambre des représentants et du tiers des sénateurs. Leur issue sera déterminante pour la suite de la présidence Trump. 

Après un débat ultra-polarisé sur la confirmation à la Cour suprême du juge conservateur Brett Kavanaugh, que les démocrates ont tenté en vain d'empêcher, la campagne était dominée ces derniers jours par les informations sur des milliers de migrants marchant depuis le Honduras vers la frontière mexico-américaine.

Donald Trump, qui enchaîne les meetings à travers le pays, s'est engagé à les stopper. Il a notamment déclaré que les migrants étaient encouragés par les démocrates, et des personnalités conservatrices ont accusé M. Soros de les soutenir financièrement. 

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