Argentine : difficile renégociation de la dette

06/07/2020
Argentine : difficile renégociation de la dette

Alberto Fernandez

L'Argentine va présenter lundi une nouvelle offre à ses créanciers étrangers en vue de restructurer sa dette, et prolonger la négociation de cette offre jusqu'au 4 août, a annoncé le ministère de l'Economie.

Quelques heures plus tôt, le président argentin Alberto Fernandez avait affirmé que la négociation pour la restructuration de ces 66 milliards de dollars de dette serait prolongée jusqu'à fin août. Mais le ministère a finalement précisé que le délai courrait seulement jusqu'au 4 août à 17h00 heure de New York (21h00 GMT). "C'est un effort énorme que nous faisons.

Le plus gros effort que nous puissions faire", a déclaré le président Fernandez à la radio Milenium. Il a accusé son prédécesseur libéral Mauricio Macri (2015-2019) d'avoir accordé aux créanciers étrangers de l'Argentine des avantages "insolites, que personne au monde n'accordait". "En analysant les choses de façon rationnelle et vu d'ici, nous ne leur demandons pas de perdre, mais d'arrêter de gagner ce qu'ils gagnaient de façon excessive", a-t-il estimé.

La dette étrangère de l'Argentine représente un cinquième de sa dette totale, qui s'élève à 324 milliards de dollars, soit 90% du produit intérieur brut du pays. Les négociations avec les créanciers étrangers, lancées le 20 avril, ont déjà été prolongées plusieurs fois. Elles devaient en principe s'achever le 24 juillet.

Deux des trois groupes de créanciers qui négocient avec l'Argentine avaient déploré fin juin "le manque d'engagement sérieux" de la part de Buenos Aires "pour éviter les conséquences d'un défaut de paiement prolongé".

Le groupe Ad Hoc, dont fait notamment partie le puissant fonds d'investissement Blackstone, avait même menacé de saisir la justice des Etats-Unis pour obtenir son dû.

Les discussions concernent des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016. La première offre rejetée en mai prévoyait un délai de grâce de trois ans et une réduction de 62% des intérêts et de 5,4% du capital.

L'Argentine est en défaut de paiement depuis le 22 mai, date à laquelle était dû le paiement d'intérêts de 500 millions de dollars sur trois émissions d'obligations faisant l'objet des discussions. Malgré le défaut, les négociations ont continué.

Le président argentin a assuré qu'elles étaient "bien engagées". La proposition du gouvernement argentin doit d'abord être publiée au Bulletin officiel puis être présentée devant la Security Exchange Commission (SEC) à New York.

La marge de manœuvre du gouvernement est réduite, avec une économie argentine en récession depuis 2018, un taux de pauvreté de 35% et une inflation qui a atteint 53% en 2019, sans compter les conséquences de l'épidémie de coronavirus.

Le président Fernandez insiste sur le fait qu'un accord avec les créanciers doit être soutenable afin que le pays puisse remplir ses obligations à long terme.

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