Bolivie : Morales de plus en plus contesté

27/10/2019
Bolivie : Morales de plus en plus contesté

Evo Morales

La réélection contestée du socialiste Evo Morales, à la tête de la Bolivie pour un quatrième mandat, soulève des questions sur le futur de la Bolivie. Va-t-elle devenir un régime autoritaire isolé sur la scène internationale, comme celui de Nicolas Maduro au Venezuela?

« L’heure est venue de choisir: démocratie ou autocratie (…), république bolivienne ou +Maduroland+, liberté ou dictature », déclare l’ex-président bolivien de droite Jorge « Tuto » Quiroga (2001-2002), tandis que l’opposition et des milliers de citoyens exigent dans la rue un second tour.

Le Venezuela, qui fut longtemps un des pays les plus riches de la région grâce à sa rente pétrolière, traverse une des pires crises économiques de son histoire récente, notamment à cause de la chute de sa production et une inflation attendue à 200.000% en 2019 par le FMI. Quelque 3,6 millions de Vénézuéliens ont fui depuis début 2016, selon l’ONU.

Maduro a commencé à prendre ses distances avec la Constitution après la victoire écrasante de l’opposition aux législatives de fin 2015. Depuis janvier, plus d’une cinquantaine de pays reconnaissent comme président par intérim Juan Guaido, le chef du Parlement.

Mais au bout de dix mois, les succès de Guaido sont limités, le soutien de ses partisans s’effrite et le doute gagne la communauté internationale quant à ses chances de réussite.

Au côté de Maduro, l’héritier de défunt Hugo Chavez (1999-2013), Evo Morales, premier indigène à diriger son pays, est un des dernier représentants du « socialisme du XXIe siècle ».

Le président bolivien, qui fêtait ses 60 ans samedi, est arrivé au pouvoir en 2006. Depuis, il a été réélu à deux reprises de manière écrasante, au sommet de sa popularité. Sa victoire de dimanche au premier tour, au terme d’un dépouillement entaché d’accusations de « fraude », est contestée par l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Union européenne, les Etats-Unis et une partie de l’Amérique latine.

Ces dernières années, l’étoile de l’ancien berger de lamas a pâli. Une partie des Boliviens, qui l’accusent de verser dans l' »autocratie », ne lui pardonnent pas de s’être présenté à ces élections malgré le « non » de ses compatriotes lors du référendum de février 2016 pour modifier la Constitution qui ne prévoit que deux mandats. Il est passé outre grâce à une décision de la Cour constitutionnelle, où siègent des proches du parti au pouvoir.

Malgré les craintes de l’opposition, la Bolivie ne devrait pas être le prochain Venezuela.

L'arrivée annoncée de la gauche au pouvoir en Argentine, dimanche, pourrait rééquilibrer la balance, au côté du Mexique, en faveur du gouvernement bolivien. Morales à donc intérêt à jouer la montre.

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