La Havane-Washington : place au business

17/12/2014
La Havane-Washington : place au business

Parmi les Américains les plus heureux du dégel figurent les fumeurs de cigares

La détente américano-cubaine annoncée mercredi pourrait à terme autoriser les touristes américains à se rendre sur l'île des Caraïbes et à y dépenser légalement de l'argent mais garde pour l'instant sous coupe réglée le commerce et l'investissement.

 Après un embargo de plus de 50 ans, la Maison Blanche a annoncé mercredi qu'elle allait relever la limite des fonds que les Américains peuvent virer à Cuba et lever les restrictions s'appliquant aux quelques Américains qui peuvent se rendre à Cuba avec des autorisations spécifiques.

Les voyages touristiques indépendants vers Cuba resteront interdits, bien que les Américains soient aujourd'hui déjà capables de se rendre à Cuba via des visites organisées en passant par des agences habilitées par le gouvernement américain.

Les investissements et le commerce vont rester étroitement contrôlés au titre de l'embargo total décidé en 1962 et le marché cubain ne va pas s'ouvrir immédiatement aux hôteliers, constructeurs automobiles ou compagnies de communications américaines.

Premier signe toutefois des bénéfices qu'Américains et Cubains pourraient tirer de ce dégel, les actions des opérateurs de croisières se sont envolées mercredi à Wall Street.

Le titre du numéro un mondial de la croisière, l'américain Carnival Corporation, a gagné 3,46%, celle de Norwegian Cruise Line Holdings 4,67%,tandis que le numéro deux mondial, l'américano-norvégien Royal Caribbean Cruises Ltd, bondissait de 6,62%.

Présents en Floride, l'Etat au sud-est des Etats-Unis dont les côtes sont à 150 kilomètres de celles de Cuba, ils voient se profiler cette nouvelle destination, très prisée avant la révolution qui avait porté les castristes au pouvoir.

Un dégel total des relations commerciales entre Washington et La Havane pourrait ouvrir entre 5 à 10 milliards de dollars d'investissements pour les entreprises américaines à Cuba, estime Gary Hufbauer du Peterson Institute for International Economics à Washington.

"Ce n'est que le début d'un long chemin vers la normalisation. Pour la plupart, les entreprises américaines sont encore bloquées, non seulement par les sanctions américaines mais aussi par l'interventionnisme étatique à Cuba", rappelle-t-il.

Dans un premier temps, le plafond des virements d'argent autorisés des Etats-Unis vers Cuba va quadrupler à 2.000 dollars par trimestre et les américains autorisés à se rendre à Cuba pourront utiliser leurs cartes de crédits à Cuba dans un certain plafond, même si les modalités restent encore floues.

Les entreprises américaines pourront exporter des matériaux de construction et des équipements agricoles à Cuba pour aider l'émergence d'un secteur privé dans ces secteurs.

"Ce changement rendra plus facile pour les Cubains d'accéder à certaines marchandises bon marché pour améliorer leur niveau de vie et conquérir une plus grande indépendance économique vis-à-vis de l'Etat", a souligné la Maison Blanche.

Les banques américaines pourront également ouvrir des comptes auprès des institutions cubaines pour faciliter les transferts d'argent.

L'industrie des télécommunications devrait aussi en profiter car elle va recevoir l'autorisation de construire des infrastructures de téléphone et d'internet pour améliorer les communications entre les deux pays.

Le Président Obama "a fait pratiquement tout ce qu'il pouvait sans passer par le Congrès", souligne Lawrence Ward, un avocat d'affaires international auprès de la firme Dorsey & Whitney.

"Obama a placé la balle dans le camp du Congrès pour engager des discussions sérieuses sur la levée de l'embargo vieux de plus de 50 ans", estime-t-il.

Gary Hufbauer rappelle que la libéralisation des échanges va prendre du temps, d'autant plus que des questions comme les compensations qui sont réclamées pour la spoliation de biens américains lors de la révolution cubaine de 1959 sont particulièrement difficiles à résoudre.

Parmi les Américains les plus heureux du dégel figurent les fumeurs de cigares. Les "Havanes" cubains ne seront en effet plus interdits aux Etats-Unis en raison de l'embargo.

Les cigares vendus aux Etats-Unis proviennent actuellement de la République dominicaine, du Nicaragua, du Honduras et du Mexique et en plus petites quantités du Brésil, du Perou, de la Colombie et du Venezuela, indique Jay Shapiro, président du club de cigares Cigar Chamber of Commerce à Fort Lauderdale en Floride.

"C'est bien qu'ils autorisent les Américains a rapporter des cigares cubains" lors de leur déplacement à Cuba. "Ils font parmi le meilleur tabac au monde et le plus grand marché du monde pour les cigares va de nouveau pouvoir en profiter", souligne Eric Scism qui tient un blog consacré aux cigares "Stogies on the rocks".

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