Présidentielle au Salvador

03/02/2019
Présidentielle au Salvador

Carlos Calleja

Les Salvadoriens élisent dimanche leur sixième président depuis la fin, en 1992, de la guerre civile qui a ensanglanté leur pays pendant 12 ans, avec obligation de sobriété, la loi interdisant la consommation d'alcool.

Le scrutin voit s'affronter deux jeunes loups de la politique pour un mandat présidentiel de cinq ans, non renouvelable. 

Selon les derniers sondages autorisés, deux semaines avant le scrutin, l'ancien maire de San Salvador Nayib Bukele (37 ans) fait la course en tête sous la bannière du parti conservateur Grande alliance pour l'unité (Gana). Il est talonné par le richissime homme d'affaires Carlos Calleja (42 ans), poulain du parti de droite Alliance républicaine nationaliste (Arena), majoritaire au Parlement. 

Le président sortant Salvador Sanchez Ceren risque de voir son dauphin perdre. Candidat du parti de gauche Front Farabundo Martí pour la libération nationale (FMLN), l'ancien ministre des Affaires étrangères Hugo Martinez est relégué à une humiliante troisième place, après une décennie au pouvoir de l'ancienne guérilla. 

Les bureaux de vote ouvriront à 07H00 locales (13H00 GMT). Selon les sondages, au moins la moitié des 5,2 millions électeurs inscrits devraient mettre leur confiance en Nayib Bukele pour briser enfin la double malédiction de la violence des bandes criminelles et de la misère. 

Les Salvadoriens sont astreints depuis vendredi soir à la "loi sèche", qui interdit vente et consommation d'alcool jusqu'au lendemain de l'élection. 

Un second tour opposant les deux candidats arrivés en tête sera organisé le 10 mars si aucun n'obtient dimanche la majorité absolue des suffrages. 

Si l'enfant terrible de la politique salvadorienne Nayib Bukele l'emporte, il devra pour gouverner nouer une alliance avec la majorité parlementaire de l'Arena, au moins jusqu'aux élections législatives de 2021. 

Le premier défi à relever pour le prochain président sera celui de la violence des bandes criminelles, responsables de la quasi-totalité des 3.340 meurtres qui ont ensanglanté le pays l'année dernière. Avec un taux de 51 homicides pour 100.000 habitants, le Salvador est l'un des pays les plus violents au monde en dehors des zones de guerre. 

Quelque 54.000 membres des deux "maras" (gangs) toujours en activité (17.000 sont derrière les barreaux) font régner la terreur dans le pays en se livrant au racket, au trafic de drogue et aux assassinats. 

Les différents gouvernements de gauche et de droite ont joué tour à tour de la répression et de la négociation avec les bandes criminelles, sans pouvoir en finir avec elles. 

 Cette violence endémique et la misère poussent chaque année des milliers de Salvadoriens à fuir leur pays. Ils ont été ainsi plus de 3.000 à prendre la route en "caravane" vers le rêve américain en octobre et novembre 2018, au grand dam du président Donald Trump. 

L'économie désormais dollarisée marque le pas et 30,3% des 6,6 millions de Salvadoriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Si le Salvador a enregistré l'année dernière sa plus forte croissance des cinq dernières années, à 2,6%, c'est insuffisant face à une démographie dynamique. 

Pour Zulma Barrientos, une employée de supermarché de San Salvador âgée de 27 ans, "peu importe la couleur politique" du prochain président, elle veut "un pays meilleur pour tous". 

Une aspiration sur laquelle surfe visiblement le favori des sondages, Nayib Bukele. Elu maire de San Salvador (2015-2018) sous la bannière du FMLN avant d'en être exclu, il promet un changement visible après l'alternance au pouvoir de l'Arena et de l'ancienne guérilla. 

Lui qui affectionne les tenues décontractée, jeans et casquette de baseball vissée sur la tête, souvent à l'envers, cultive sa proximité avec la frange la plus jeune de l'électorat. Il promet à ses électeurs d'"écrire l'Histoire" du Salvador en ringardisant ses adversaires. 

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