Venezuela : où est Nicolas Maduro ?

16/01/2015
Venezuela : où est Nicolas Maduro ?

Nicolas Maduro

Il est parti en tournée à l'étranger le 4 janvier, dans l'espoir d'obtenir des soutiens financiers, mais depuis les nouvelles sont vagues: l'absence du président vénézuélien Nicolas Maduro fait planer le flou sur un pays dont la situation économique empire chaque jour.

Le voyage a été annoncé par surprise, le jour même du départ.

L'héritier politique d'Hugo Chavez (décédé en 2013) disait alors entreprendre une tournée très importante afin de faire face aux nouveaux projets dans les circonstances qui touchent notre patrie, de perte de revenus en raison de la fracassante chute du prix du pétrole.

Mais il ne donnait aucun détail sur l'itinéraire et la durée de ce déplacement officiel. Les médias ont appris au jour le jour les différentes étapes: Chine, Iran, Arabie saoudite, Qatar, Algérie puis enfin Russie.

L'objectif du voyage? Solliciter l'aide financière d'autres gouvernements alors que le pays, qui tire 96% de ses devises de la manne pétrolière, voit avec inquiétude s'effondrer les cours du brut.

Selon la maison de courtage Xzarnikov, Caracas a besoin d'un baril au-dessus des 100 dollars pour équilibrer son budget, or celui-ci a glissé sous les 50 dollars.

De quoi inquiéter l'agence de notation financière Moody's, qui vient d'abaisser de deux crans à Caa3 la note souveraine du Venezuela, estimant que le risque de faillite du pays, qui jouit pourtant des plus importantes réserves pétrolières au monde, avait nettement augmenté avec la chute des cours.

En décembre, l'agence Fitch avait aussi baissé de deux crans la note de solvabilité du pays, et pour les mêmes raisons.

Le chavisme s'est habitué à vivre avec des prix du pétrole élevés, à cacher les déséquilibres et à repousser les mesures de rigueur, note l'économiste Asdrubal Oliveros sur le portail d'analyses Infolatam: cette période de grâce et de bienveillance est terminée.

Selon lui, 2015 sera une des années les plus critiques de l'histoire récente du Venezuela, pas seulement pour les implications de la crise économique, mais aussi pour la dynamique au niveau social, des entreprises et politique.

Seule victoire apparente de la tournée entreprise par Nicolas Maduro: son annonce d'accords avec la Chine portant sur plus de 20 milliards de dollars d'investissements.

A son retour, à une date encore inconnue, les analystes espèrent l'annonce de mesures - notamment, une nouvelle dévaluation du bolivar - pour tenter de redresser la situation.

Car la mauvaise santé du pays sud-américain, que le gouvernement attribue à une guerre économique menée par l'opposition, se traduit par une grave pénurie (qui touche près d'un produit de première nécessité sur trois) et une inflation astronomique (plus de 60% sur un an).

Les files d'attente devant les supermarchés et les pharmacies s'allongent chaque jour, frustrant nombre de Vénézuéliens qui doivent attendre des heures pour acheter du shampoing ou de la farine, sans avoir jamais l'assurance que le produit sera en stock.

Le gouvernement de Nicolas Maduro doit affronter une série de réformes profondes, mais jusqu'à présent on n'a pas vu de mouvements clairs dans cette direction, observe Carlos Malamud, spécialiste de l'Amérique latine à l'institut d'études espagnol Real Elcano.

Et, dans une année avec des élections parlementaires cruciales (au dernier trimestre 2015, ndlr), la capacité à gouverner le pays et l'avenir du chavisme comme mouvement politique sont en jeu.

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