Japon-Russie : pas d'issue au contentieux territorial

14/01/2019
Japon-Russie : pas d'issue au contentieux territorial

Shinzo Abe

La Russie a sèchement averti le Japon lundi de ne pas s'attendre à des progrès dans le différend territorial qui empoisonne leurs relations depuis la fin de la Seconde guerre mondiale tant qu'il n'aura pas reconnu la souveraineté russe sur les îles disputées.

La question des quatre îles volcaniques des Kouriles du Sud, appelées Territoires du Nord au Japon, a empêché jusqu'à présent les deux pays de signer un traité de paix et freine leur rapprochement économique de ces dernières années. Tokyo considère officiellement ces quatre îles annexées par l'URSS en 1945 comme appartenant au territoire du Japon. 

En novembre, Vladimir Poutine et Shinzo Abe ont convenu à Singapour d'accélérer les pourparlers sur la base d'une déclaration de 1956, mais son interprétation par Tokyo a provoqué le courroux de Moscou. 

Le Kremlin a annoncé lundi dans un communiqué qu'une rencontre entre M. Poutine et M. Abe aurait lieu le 22 janvier à Moscou. 

Avant cette rencontre, le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono a été reçu plusieurs heures lundi à Moscou par son homologue russe Sergueï Lavrov, qui a relevé des "divergences significatives" à la fin de l'entretien. 

"Nous avons confirmé être prêts à travailler sur la base de la déclaration de 1956, ce qui signifie avant tout le caractère indiscutable, dès le départ, de la reconnaissance par nos voisins japonais du bilan de la Seconde guerre mondiale dans sa totalité, y compris la souveraineté de la Russie sur toutes les îles", a-t-il expliqué. 

La déclaration de 1956, document qui avait rétabli les relations diplomatiques entre le Japon et l'Union soviétique, mentionne la restitution de deux des quatre îles au Japon, mais seulement une fois la paix signée. Ce texte avait été annulé par l'URSS en 1960 après la signature d'un traité de coopération entre Tokyo et Washington.  

Sur cette base, Shinzo Abe avait affirmé lors de ses voeux de Nouvel An que les habitants russes des îles disputées devaient se préparer à "un changement de souveraineté" et que l'année 2019 verrait la signature d'un traité de paix, irritant la Russie. 

La semaine dernière, l'ambassadeur du Japon à Moscou a été convoqué au ministères des Affaires étrangères pour reprocher à Tokyo de "déformer" la teneur des accords entre Vladimir Poutine et Shinzo Abe et de vouloir "imposer son propre scénario". 

Moscou martèle que sa position est invariable et que le Japon doit d'abord accepter les conséquences de la Seconde guerre mondiale, y compris la souveraineté de la Russie sur les îles. 

"C'est notre position de base, et sans avancée dans cette direction il est très difficile de s'attendre à des progrès quelconques sur les autres questions", a insisté M. Lavrov lundi, constatant que les deux pays ne se situaient qu'"au début du chemin".  

Sergueï Lavrov s'est agacé notamment de déclarations publiques de représentants du parti de Shinzo Abe estimant que les Etats-Unis devaient être impliqués dans les négociations en vue d'arriver à un traité de paix entre la Russie et le Japon. 

"Nous avons adressé aujourd'hui (lundi) un avertissement très sérieux" à ce sujet, a-t-il poursuivi, s'interrogeant sur la capacité du Japon à "résoudre de telles questions avec une telle dépendance à l'égard des Etats-Unis". 

Les quatre îles disputées sont les plus méridionales, et donc les plus proches du Japon de l'archipel des Kouriles, une longue chaîne de petites îles volcaniques qui s'égrène en arc entre la presqu'île russe du Kamtchatka au nord et la grande île japonaise de Hokkaïdo au sud. 

Riches en minerais et en poissons, garantes de l'accès de la flotte russe à l'océan Pacifique, ces îles --Itouroup (Etorofu en japonais), Kounachir (Kunashiri), Shikotan et Habomai-- font actuellement partie de la région russe de Sakhaline (Extrême-Orient). 

Mais pour le Japon, elles dépendent toujours de la préfecture de Hokkaïdo et sont "illégalement occupées par la Russie". 

Jusqu'à présent, les deux pays ont progressé à petits pas, s'engageant à faciliter la visite d'anciens habitants sur ces îles et lançant quelques projets économiques communs. 

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