Visite du chef de la diplomatie allemande en Israël

10/06/2020
Visite du chef de la diplomatie allemande en Israël

Heiko Maas

En visite à Jérusalem, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a fait part mercredi de la "sérieuse inquiétude" de son pays quant au projet israélien d'annexion de pans de la Cisjordanie occupée, en écho aux vives préoccupations de l'Union européenne.

Lors d'une conférence de presse avec son homologue israélien Gabi Ashkénazi à l'issue d'une rencontre avec lui, M. Maas a indiqué lui avoir fait état de "la position allemande et des sérieuses inquiétudes (...) au sujet des conséquences éventuelles" du projet controversé.

"Nous pensons, comme l'Union européenne, que l'annexion est incompatible avec le droit international", a-t-il ajouté, appelant à la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens et rappelant l'attachement de Berlin à la solution à deux Etats. La visite de M. Mass, dont le pays prendra la présidence de l'UE le 1er juillet, est la première d'un dignitaire étranger en Israël depuis l'entrée en fonction, mi-mai, d'un gouvernement d'union.

C'est aussi à partir du 1er juillet que ce gouvernement doit présenter sa stratégie pour traduire dans les faits le plan de l'administration américaine pour le Proche-Orient.

Annoncé fin janvier à Washington, ce projet prévoit l'annexion par Israël de ses colonies et de la vallée du Jourdain en Cisjordanie --un territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans-- et la création d'un Etat palestinien sur un territoire amputé.

Si l'Etat hébreu annexe les colonies de Cisjordanie, où vivent 450.000 colons auprès de plus de 2,7 millions de Palestiniens, que feront alors les pays européens? Imposer des sanctions à Israël? Reconnaître une Palestine indépendante? L'UE, qui s'oppose ouvertement au plan, a demandé à Israël de renoncer à l'annexion, sans toutefois parler d'éventuelles mesures de représailles.

"Je n'ai pas beaucoup d'estime pour la politique qui consiste à émettre des menaces alors qu'aucune décision n'a encore été prise" par Israël, a déclaré M. Maas. Le plan américain sera "suivi de façon responsable, en coordination complète" avec Washington, tout en préservant les "intérêts stratégiques" et les accords de paix qui lient Israël, a de son côté affirmé Gabi Ashkénazi.

L'Etat hébreu tente d'éviter une réaction trop vive des Européens, car si Washington est le premier allié diplomatique de l'Etat hébreu, Bruxelles est son premier partenaire commercial, avec des échanges ayant dépassé les 30 milliards d'euros l'an dernier, selon les données européennes.

L'annexion devrait aussi être au menu de la rencontre, en fin d'après-midi, de M. Maas avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Benny Gantz. Le ministre allemand ne se rendra pas à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, en raison du "peu de temps" et des mesures anticoronavirus, selon Berlin. Mais il doit s'entretenir avec le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh par visioconférence depuis la Jordanie où il rencontrera son homologue Ayman Safadi.

"Pour la première fois, les alliés politiques européens discutent de sanctions contre Israël", a assuré mardi M. Shtayyeh, disant souhaiter qu'"Israël ressente la pression internationale". Il a ajouté que les Palestiniens avaient soumis au Quartette (Union européenne, ONU, Russie et Etats-Unis, NDLR) une "contre-proposition" au plan américain. Ce texte prévoit notamment la création d'un "Etat palestinien souverain, indépendant et démilitarisé", selon lui.

Pour sa première visite hors d'Europe depuis le début de la pandémie de Covid-19, Heiko Maas a aussi abordé avec ses interlocuteurs l'Iran et son allié le Hezbollah libanais, ennemis d'Israël.

L'Etat hébreu souhaite que toute aide internationale accordée au Liban, qui connait une grave crise économique, soit assortie de réformes réduisant l'influence du Hezbollah chez son voisin, ont indiqué des sources israéliennes.

S'agissant de l'Iran, Israël appelle les Européens à suivre Washington en réimposant des "sanctions écrasantes" contre Téhéran.

Berlin fait partie des signataires européens, avec Paris et Londres, de l'accord sur le nucléaire iranien, dont les Etats-Unis ont claqué la porte en 2018 et dont Téhéran se désengage progressivement depuis mai 2019.

Mercredi, M. Maas a critiqué les appels de Téhéran à détruire Israël, "dont le droit d'exister n'est pas négociable", a-t-il affirmé.

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