L’ambassadeur de Tunisie aux Nations unies limogé

08/02/2020
L’ambassadeur de Tunisie aux Nations unies limogé

Moncef Baati en compagnie du SG de l'ONU en septembre 2019

L’ambassadeur de Tunisie aux Nations unies a été limogé pour incompétence, ont annoncé vendredi les autorités tunisiennes après que des diplomates à l’ONU ont fait état de son rappel probablement en lien avec un projet palestinien de résolution condamnant une initiative américaine de paix.

« La décision de limoger l’ambassadeur de Tunisie à l’ONU est due à des considérations purement professionnelles liées à la mauvaise performance et au manque de coordination » avec le ministère des Affaires étrangères, a indiqué ce dernier dans un communiqué.

La Tunisie, avec Moncef Baati, siège depuis le 1er janvier et pour deux ans au Conseil de sécurité où l’ambassadeur représente les pays arabes.

Le ministère tunisien reproche à M. Baati le « manque de coordination et de concertation avec (lui) en ce qui concerne les dossiers importants en cours de discussion à l’ONU et au Conseil de sécurité ».

« Cela a été un choc d’apprendre cela. Je ne connais pas tous les détails, la raison derrière cela. C’était un très bon collègue et je regrette énormément de le voir partir », a réagi l’ambassadeur belge à l’ONU, Marc Pecsteen de Buytswerve, président en exercice du Conseil de sécurité pour le mois de février.

« C’est un très bon négociateur et la bonne personne » pour négocier le projet de résolution voulu par les Palestiniens, a indiqué de son côté un autre ambassadeur membre du Conseil de sécurité ayant réclamé l’anonymat, en déplorant aussi son limogeage.

Au siège de l’ONU à New York, des sources diplomatiques avaient annoncé le rappel soudain de M. Baati à Tunis, pour que soit mis fin à ses fonctions.

Cette décision était liée, selon les mêmes sources, à la gestion du projet palestinien de résolution condamnant le plan annoncé le 28 janvier par le président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.

M. Baati aurait été plus loin que ne l’auraient voulu les autorités tunisiennes sur le dossier du Proche-Orient en apportant un soutien trop appuyé aux Palestiniens, au risque d’altérer la relation entre la Tunisie et les Etats-Unis, a indiqué une source diplomatique.

Son départ a été fait en urgence et il n’a pas assisté jeudi à la rencontre organisée par les Etats-Unis entre Jared Kushner, artisan du plan américain, et le Conseil de sécurité.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a multiplié les initiatives diplomatiques pour rallier les oppositions à ce projet.

Après avoir reçu le soutien de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, Mahmoud Abbas a prévu de se rendre à un sommet de l’Union africaine dimanche et lundi avant d’aller mardi devant le Conseil de sécurité.

Les Palestiniens veulent à cette occasion soumettre à un vote du Conseil un projet de résolution dénonçant le plan américain. Mardi, ils avaient fait remettre au Conseil de sécurité par la Tunisie et l’Indonésie un premier projet de texte, objet de discussions jeudi entre les quinze membres de l’instance, selon des diplomates.

Diplomate de carrière chevronné et apprécié de ses homologues, Moncef Baati était retraité lorsqu’il lui avait été demandé en 2019 de reprendre du service pour devenir ambassadeur à l’ONU pour les deux ans de présence de ce pays au Conseil de sécurité. Pendant sa retraite, il était resté très actif dans les milieux diplomatiques comme président de l’Association Tunisie–ONU.

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