Questions autour des bombardements d'hôpitaux en Syrie

26/06/2019
Questions autour des bombardements d'hôpitaux en Syrie

Une vingtaine de centres médicaux ont été attaqués

Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a indiqué mardi avoir demandé à la Russie des explications sur ce qu'il est advenu des localisations de centres médicaux en Syrie données pour éviter des attaques et qui ont été bombardés.

« Je ne suis pas sûr » que donner leur localisation a protégé ces hôpitaux, a-t-il dit devant le Conseil de sécurité lors d'une réunion sur la Syrie au cours de laquelle des mots acerbes ont été échangés entre Paris et Londres d'un côté et Moscou de l'autre.

Depuis l'intensification en avril des bombardements de l'armée syrienne soutenue par l'armée russe dans la région d'Idleb (nord-ouest), plus d'une vingtaine de centres médicaux ont été attaqués.

La Russie et la Syrie ont démenti viser des installations civiles, assurant ne vouloir s'en prendre qu'à des groupes « terroristes ».

« J'ai écrit à la Russie pour savoir comment sont utilisées les informations transmises » a précisé Mark Lowcock, citant un mécanisme créé pour éviter des incidents aériens en Syrie entre Washington et Moscou. Il avait été fortement conseillé aux ONG apportant une aide médicale de transmettre leur localisation pour contribuer à leur protection.

« Nous savons qui a la maîtrise du ciel dans le nord-ouest », a souligné l'ambassadeur des États-Unis Jonathan Cohen en réclamant à la Russie de « faire davantage » pour la protection des civils.    

« Nous réfutons toutes les accusations de frappes aveugles à Idleb », a affirmé de son côté lors d'une liaison vidéo depuis Damas le général russe Alexey Bakin, chef du Centre russe pour la réconciliation des belligérants. Il a déploré que la communauté internationale ne condamne pas plus les groupes « terroristes ».

Son intervention avait été précédée d'une mise en garde de la France. « Le Centre russe pour la réconciliation n'est ni un acteur humanitaire ni une agence onusienne, c'est une émanation du ministère de la Défense russe qui est une partie active au conflit », a noté l'ambassadeur François Delattre, en alertant sur l'objectivité des propos émis par son chef.

L'Allemagne et le Royaume-Uni, qui a parlé de « conflit d'intérêts », ont aussi émis des critiques.  

« Notre délégation n'a jamais remis en question les intervenants proposés » par les autres, a rétorqué l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia. « Si les délégations souhaitent se lancer dans ce jeu, nous sommes prêts à y jouer à l'avenir », a-t-il ajouté.

Devant le Conseil de sécurité, David Lillie, directeur de l'ONG Syrian American Medical Society, a réclamé des enquêtes sur les bombardements d'hôpitaux et relevé que la Russie avait « la capacité » de les mener. « 1200 travailleurs humanitaires ont péri en Syrie depuis le début du conflit » en 2011, a-t-il précisé.

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