La mobilisation de la presse et des élites intellectuelles et artistiques n’y aura rien fait : Donald Trump a battu Hillary Clinton devenant ainsi le 45e président des États-Unis.
L’ECHEC DES SONDAGES
Cette victoire est intervenue alors que les sondages prévoyaient la victoire de l’épouse de Bill Clinton. Cet échec de la prévision politique marque la fin d’une époque : celle où les grands prêtres de la communication prétendaient faire l’élection avant l’électeur.
Deux exemples choisis par le journal Le Monde illustrent cette faillite sondagière.
‘Ainsi, en Floride, les études en fin de campagne ne se sont pas confirmées lors du vote. Les estimations, le 6 novembre, donnaient 50 % des suffrages à Hillary Clinton et 46 % à Donald Trump (le reste étant pour le troisième candidat, Gary Johnson).
Deux jours plus tard, l’Etat votait à 49,1 % pour le candidat républicain et 47,8 % pour la démocrate, soit dans la marge d’erreur des sondages.
Dans l’Iowa, après une période de quasi-égalité le 1er novembre, les estimations situaient, le 4 novembre, Hillary Clinton autour de 46 %, Donald Trump autour de 39 %.
Le 8 novembre, le vote a placé le candidat républicain en tête avec 51,8 % des suffrages, contre 42,2 % pour son adversaire démocrate. Ici, même la marge d’erreur ne prévoyait pas ce cas de figure. »
UNE ELECTION FACEBOOK
Le scrutin illustre également la perte d’influence des grands médias de la presse et de la communication audiovisuelle. Alors que tous ces médias soutenaient Hillary Clinton et présentaient Donald Trump comme un, dangereux fantaisiste -parfois même comme un clown -celui-ci a été préféré à la candidate de l’establishment.
Ceci s’explique parce que les nouveaux médias ont éclipsé les anciens. Internet est devenu la principale source d’information des citoyens. 170 millions de personnes consultent chaque jour Facebook en Amérique du nord.
C’est-ce qui conduit la revue New York Magazine à conclure que Trump a gagné grâce a Facebook.
Le magazine critique Facebook pour avoir créé les conditions qui ont permis ‘ l’accès au plus haut niveau du système politique à un homme tellement étranger à ce qui était jusqu’à aujourd’hui le monde politique qu’aucun ancien candidat à la présidence de son propre parti n’a voulu le soutenir ‘.
C’est internet qui a permis à Trump de s’imposer au parti républicain tout d’abord, au corps électoral ensuite alors qu’il était au départ quasi étranger au monde politique.
C’est par internet que des fabricants industriels de contenus ont pu diffuser leur parole. ‘Il n’y a peu d’évènements plus importants au cours de la dernière décennie que la prise de contrôle dans son ensemble par ce réseau social de la fonction traditionnelle des médias d’informations sans parler de l’appareil des partis politiques… L’ascension de Trump est loin d’être la première conséquence matérielle de la conquête par Facebook de nos vies sociales, culturelles et politiques, mais elle est un rappel brutal de la capacité du réseau social à détruire les structures existantes et à transformer la société –et pas souvent pour le meilleur’.
LE REVEIL DE LA NATION
Il reste que des causes profondes expliquent le succès de Trump.
Les institutions des démocraties anciennes ont vieilli. Elles se sont fossilisées se repliant sur une caste d’élus incapables de moderniser le système et d’apporter des réponses adéquates aux demandes des citoyens.
Le poids des machines bureaucratiques s’est accentué. Hillary Clinton a pati de son enracinement dans l’‘establishment alors que Trump paraissait apporter de l’air frais de l’extérieur.
L’Amérique comme la plupart des états occidentaux a trop négligé le souci de l’identité nationale. Cette porte béante ouverte sur l’extérieur inquiète les citoyens.
Elle s’accompagne d’une remise en cause des valeurs anciennes. Quand les exceptions deviennent la règle, le désordre s’installe dans les consciences et génère des aspirations conservatrices. Alors et surtout que l’obsolescence des piliers économiques traditionnels bouleverse la vie de millions d’individus.
A toutes ces victimes du changement Donald Trump apporte l’espoir d’un changement sinon d’un retour en arrière.
L’avenir dira si ce nouveau président saura -pourra ?-apporter les changements souhaités ou s’il n’aura été qu’un marchand d’illusions.
Koffi SOUZA
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