Espagne : Pedro Sanchez en difficulté

13/02/2019
Espagne : Pedro Sanchez en difficulté

Pedro Sanchez

Les députés espagnols ont rejeté mercredi le premier budget du chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez, au pouvoir depuis huit mois, ce qui pourrait le contraindre à convoquer des élections anticipées.

Une majorité de 191 députés sur 350 ont voté en faveur d'amendements destinés à bloquer le budget et présentés notamment par le Parti Populaire (PP, droite), les libéraux de Ciudadanos et les deux partis indépendantistes catalans, ce qui a pour effet de condamner le texte avant même qu'il puisse être voté. 

M. Sanchez a quitté la chambre des députés quelques minutes après le vote, sans faire de déclarations. 

A la tête d'un gouvernement ultra-minoritaire avec seulement 84 députés socialistes sur 350, le socialiste avait promis à son arrivée au pouvoir en juin de convoquer rapidement des élections avant de changer d'avis et de décider de présenter un budget pour tenter de se maintenir au pouvoir jusqu'à la fin de la législature en 2020.  

Mais après ce revers, la convocation d'élections anticipées apparaît plus que probable même si M. Sanchez peut théoriquement prolonger le dernier budget et rester au pouvoir.  

Le 28 avril et le 26 mai, date des prochaines élections européennes, municipales et régionales, sont évoqués dans la presse. 

"Vous avez déjà entendu à plusieurs reprises (...) que si le budget n'allait pas de l'avant, la législature allait être évidemment écourtée. Mais la date (d'élections anticipées) est de la compétence exclusive du président" du gouvernement, a souligné la ministre du Budget, Maria Jesus Montero. 

- 'Motion de censure de facto' - 

Ce revers "marque la fin du voyage de Pedro Sanchez à la tête du gouvernement", a lancé le patron du PP, Pablo Casado, évoquant une "motion de censure de facto" à l'encontre du socialiste, lui-même arrivé au pouvoir en juin à la faveur d'une motion de censure contre l'ancien chef du PP, Mariano Rajoy. 

Cette défaite des socialistes sur le budget intervient au lendemain de l'ouverture à Madrid du procès historique de douze dirigeants indépendantistes catalans impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne de 2017. 

Un procès qui a tendu à l'extrême les relations entre le gouvernement et les indépendantistes catalans, dont les 17 députés, qui avaient permis à M. Sanchez de faire son entrée à la Moncloa en soutenant la motion de censure, lui étaient indispensables pour disposer d'une majorité. 

Leurs discussions ont été rompues vendredi, les indépendantistes continuant à réclamer un référendum d'autodétermination pour la Catalogne qui est une ligne rouge pour le gouvernement. 

Pour Antonio Barroso, du cabinet Teneo, "le coût d'un virage modéré est trop élevé" pour les séparatistes, qui ont peur d'être "accusés de traîtrise" par leur base s'ils soutiennent M. Sanchez. 

- La droite en tête dans les sondages - 

Depuis quelques jours, le gouvernement de M. Sanchez a adopté un ton de campagne électorale en accusant la droite et les indépendantistes de voter main dans la main.  

"Les (partis de) droite et les indépendantistes vont voter contre ce budget social. Ils veulent la même chose: une Catalogne vivant dans la confrontation et une Espagne vivant dans la confrontation (...) Ils ont peur du dialogue", avait-il attaqué mardi, sans douter de l'issue défavorable du vote. 

Plusieurs sondages, dont le dernier a été publié mercredi, donnent le PP, Ciudadanos et le parti d'extrême droite Vox en mesure de former une majorité au niveau national. Comme ces trois formations l'ont fait pour chasser les socialistes du pouvoir dans leur fief d'Andalousie (sud), en janvier. 

Le PP, Ciudadanos et Vox ont mobilisé dimanche à Madrid des dizaines de milliers de personnes pour réclamer la convocation d'élections à M. Sanchez, accusé de "haute trahison" pour son dialogue avec les indépendantistes qui fait grincer des dents jusqu'au sein de son propre parti socialiste. 

"Une majorité de droite est possible mais cela n'est pas certain", nuance Antonio Barroso, et "les négociations ne seront pas évidentes car Vox ne facilitera pas les choses". 

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