Gibraltar veut rejoindre l'espace Schengen

18/01/2020
Gibraltar veut rejoindre l'espace Schengen

La frontière entre l'Espagne et Gibraltar

Gibraltar pourrait rejoindre l’espace Schengen afin de garantir la liberté de mouvement à sa frontière avec l’Espagne quand le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, a suggéré le chef du gouvernement de ce territoire britannique.

Pour cette minuscule enclave de 6,2 km2 à l’extrémité sud de la péninsule ibérique, la fluidité du trafic à son unique poste frontière avec l’Espagne est cruciale.

La suggestion du ministre en chef de Gibraltar Fabian Picardo intervient moins de deux semaines avant le Brexit. Le 1er février s’ouvrira une période de transition de 11 mois pendant laquelle Londres et l’UE devront négocier sur l’avenir de leurs relations.

« Nous avons parlé de ça avant le Brexit, a déclaré M. Picardo, de la possibilité que Gibraltar entre dans l’espace Schengen », une zone de 26 pays dont quatre ne font pas partie de l’UE, entre lesquels les voyageurs peuvent circuler sans passeports.

Le Royaume-Uni n’a jamais voulu rejoindre l’espace Schengen mais si Gibraltar y entrait « ce serait positif » a estimé le ministre en chef.

« Cela a-t-il un sens pour l’UE que 2,5 miles carrés à l’extrémité sud de la péninsule ne soient pas accessibles aux citoyens européens? Je ne le crois pas », a-t-il dit.

Un passage sans encombre à la frontière est dans l’intérêt de l’enclave de quelque 30.000 habitants comme des Espagnols qui y sont employés.

Près de 14.000 travailleurs, en grande majorité des Espagnols mais aussi des ressortissants de toutes nationalités établis en Espagne, passent la frontière chaque jour pour aller travailler à Gibraltar où règne le plein emploi.

Parmi eux, 2.500 Britanniques vivant en Espagne en raison du moindre prix de l’immobilier, franchissent à pied ou en voiture le poste frontière avant de traverser la piste de l’aéroport construite sur un isthme reliant Gibraltar à l’Espagne.

“Regardez d’autres micro-Etats en Europe, ils bénéficient de la liberté de circulation dans Schengen, même s’ils ne sont pas totalement intégrés dans le système d’échanges d’informations, a poursuivi Fabian Picardo. Tout cela sera pris en compte dans les négociations qui vont s’ouvrir ».

Le Liechtenstein, notamment, est un micro-Etat membre associé de l’espace Schengen.

Le ministre a minimisé le risque que Madrid fasse pression dans les négociations en ralentissant le passage par des contrôles renforcés à la frontière, quand ni Gibraltar ni Londres ne pourront plus faire appel à l’Union européenne.

En 2013, un différend sur les eaux territoriales avait entraîné de sérieux embouteillages à la frontière pendant des mois, jusqu’à ce que Bruxelles intervienne.

« Tout citoyen européen qui franchit la frontière pourra se plaindre à la Commission ou à la Cour de justice de l’UE s’il y a des délais exagérés », a-t-il assuré.

« La gestion de cette frontière par l’Espagne doit se faire dans le respect des règles européennes parce que c’est un accès à l’espace Schengen ».

L’Espagne a cédé Gibraltar à la Grande-Bretagne en 1713, mais revendique depuis la restitution du territoire et le conflit a souvent été marqué par des pressions à la frontière.

En 1969, le dictateur Francisco Franco a fermé la frontière, imposant un blocus qui n’a totalement été levé qu’en 1985, lorsque l’Espagne préparait son entrée dans l’UE au 1er janvier 1986.

Depuis que les Britanniques ont voté en 2016 pour quitter l’UE, l’Espagne a reformulé sa proposition de partager la souveraineté sur le Rocher entre Madrid et Londres. Mais les Gibraltariens, qui ont rejeté l’idée par référendum en novembre 2002, maintiennent leur refus.

M. Picardo s’est cependant montré optimiste sur les relations avec le nouveau gouvernement de coalition de gauche à Madrid, relevant que le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a exprimé le souhait « de regarder au-delà de l’éternelle querelle sur la souveraineté pour voir comment améliorer la situation économique dans la région ».

La région d’Espagne mitoyenne de Gibraltar connait l’un des taux de chômage les plus élevés du pays. De part et d’autre, les dirigeants évoquent une coopération qui créerait des emplois.

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