New-York : la piste de l'EI

01/11/2017
New-York : la piste de l'EI

Un modèle de loup solitaire

La piste du groupe Etat islamique se confirmait mercredi à New York, au lendemain de l'attaque qui a fait huit morts et 11 blessés, dans le premier attentat meurtrier qu'ait connu la métropole américaine depuis le 11-Septembre.

Le chauffeur du pick-up qui a foncé sur des cyclistes et des passants, mardi après-midi dans le sud-ouest de Manhattan, alors que la ville fêtait Halloween, était "un lâche perverti, et il était lié à l'EI et s'est radicalisé" aux Etats-Unis, a déclaré le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, interrogé sur CNN.

"Tous les éléments dont nous disposons indiquent que nous avons un modèle de loup solitaire", a ajouté le gouverneur, soulignant qu'il n'y avait pour l'heure aucun signe qu'il n'ait pas agi seul ou que son acte fasse partie d'une opération toujours en cours ou d'autres projets d'attentat.

Dès mardi soir, le président Donald Trump avait évoqué l'Etat islamique, et ordonné le renforcement des contrôles pour les étrangers voulant entrer aux Etats-Unis. 

"Nous ne devons pas permettre à l'EI de revenir ou d'entrer dans notre pays après les avoirs vaincus au Moyen-Orient et ailleurs. Assez!", avait-il déclaré via Twitter. 

La police n'avait toujours pas confirmé officiellement mercredi matin l'identité du suspect, annonçant simplement un point de presse pour 11H00 (15H00 GMT).

Mais plusieurs enquêteurs cités par les médias américains ont indiqué qu'il s'agissait de Sayfullo Saipov, un Ouzbek de 29 ans arrivé aux Etats-Unis en 2010, titulaire d'un permis de séjour permanent, et qui aurait résidé dans l'Ohio et en Floride avant de s'installer à Paterson, dans le New Jersey, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de New York.

La police a retrouvé, dans le pick-up qu'il avait loué pour l'attaque, des notes manuscrites dans lesquelles il faisait allégeance à l'Etat islamique ainsi qu'une photo du drapeau noir de l'organisation jihadiste, selon The New York Post et The New York Times.

L'homme a été blessé au ventre lors de la fusillade qui a mené à son arrestation. Après avoir subi une opération mardi soir, ses jours ne seraient plus en danger et les enquêteurs ont pu lui parler, a rapporté mercredi la chaîne ABC.

Cet homme marié avec enfants, chauffeur de la société Uber, avait été arrêté à deux reprises par la police pour des infractions au code de la route, selon plusieurs médias. 

Uber, qui s'est dès mardi soir dit "horrifié" par l'attaque, a indiqué coopérer avec les forces de l'ordre. 

Au fil des heures, des informations ont émergé sur l'identité de ses victimes: une femme belge, originaire de Roulers, et cinq Argentins - des anciens camarades d'école qui fêtaient le 30e anniversaire de leur diplôme, originaires de la ville de Rosario - faisaient partie des huit personnes décédées. 

Parmi les 11 blessés hospitalisés mardi, on comptait aussi plusieurs étrangers, témoin des centaines de milliers de touristes qu'attire New York: trois Belges et une Allemande, selon Bruxelles et Berlin. 

"L’Allemagne se tient résolument aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré la chancelière Angela Merkel. "Ensemble avec nos amis américains, nous pleurons les victimes de cette violence brutale".

Après la France et le Royaume-Uni mardi soir, la Russie a également dénoncé l'attentat. Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a qualifié d'"attaque tragique et inhumaine".

Dans le quartier de TriBeCa où s'est déroulée l'attaque, et où se trouvent de nombreuses écoles, beaucoup de gens étaient encore sous le choc mercredi matin. 

Après que l'attaque eut ruiné pour beaucoup d'enfants la fête de Halloween, nombreux étaient les parents qui avaient choisi de garder leurs enfants à la maison pour la journée.

"C'est effrayant, car là où il a lancé son camion, c'est là que l'équipe d'athlétisme court tous les jours", a expliqué une lycéenne, Ana Pacheco, 17 ans, qui fréquente le prestigieux lycée Stuyvesant, tout proche. 

"Si c'était arrivé 30 minutes après, l'équipe aurait été en train de courir et ils auraient tous été touchés. C'est pour cela que tout le monde a été choqué", a-t-elle ajouté.

La bourse de New York a aussi observé une minute de silence en hommage aux victimes.

Bien que cette attaque soit la plus meurtrière qu'ait connue la métropole américaine depuis les attentats du 11 septembre 2001, les responsables de New York à prouver que la ville continuait à vivre normalement et ne se laisserait pas intimider par le terrorisme.

"Peut-on vaincre tout lâche perverti qui veut louer une voiture et foncer dans la foule? Non. Pour chaque incident, on en empêche des douzaines d'autres grâce aux renseignements et aux forces de police, mais ça arrivera. Il ne faut pas les laisser gagner", a lancé le gouverneur Cuomo. 

Il s'est félicité que le grand défilé costumé de Halloween ait ainsi été maintenu mardi soir. Et a évoqué la tenue dimanche du marathon de New York, qui réunit chaque année plus de 50.000 coureurs et contribue à attirer des dizaines de milliers de touristes, moyennant des mesures de sécurité renforcées. 

Dans une ville où les mesures de sécurité sont déjà très présentes d'habitude, les forces de police étaient plus visibles encore qu'à l'accoutumée mercredi matin, dans tous les points névralgiques de la ville, devant les écoles ou les grandes stations de métro.

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