Sombre bilan de l'état de l'Europe

11/02/2017
Sombre bilan de l'état de l'Europe

Jean-Claude Juncker

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé qu'il ne briguerait pas un deuxième mandat en 2019, en dressant un sombre tableau de la situation de l'UE, dans une interview à la radio publique allemande.

En 2014, "ce fut une belle campagne électorale. Mais il n'y en aura pas de seconde car je ne me porterai pas candidat une seconde fois", a-t-il affirmé sur les ondes de Deutschlandfunk.

L'ancien Premier ministre luxembourgeois, âgé de 62 ans, était devenu président de la Commission européenne en novembre 2014, désigné par les chefs d'Etat et de gouvernement européens puis confirmé par le Parlement européen, après avoir longtemps présidé l'Eurogroupe qui réunit les ministres des Finances.

Son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois.

Dans cet entretien, qui sera diffusé dimanche mais a été publié à l'avance samedi, M. Juncker a tiré un sombre bilan de l'état de l'Europe.

"Est-ce que le moment est venu où l'Union européenne des 27 doit montrer de l'unité, de la cohésion et de la cohérence ?, s'est-il interrogé. "Oui, je dis oui s'agissant du Brexit ou de Trump (...). Mais j'ai quelques doutes justifiés que cela arrive vraiment", a-t-il ajouté.

Pour M. Juncker, l'UE évolue dans des directions différentes selon les pays, qui sont difficilement compatibles entre elles. "Les Hongrois et les Polonais veulent-ils exactement la même chose que les Allemands ou les Français ? J'ai de grands doutes", a-t-il souligné.

L'ancien chef du gouvernement luxembourgeois s'est inquiété en particulier des risques de divisions sur les conditions de sortie de la Grande-Bretagne.

"Les Britanniques vont réussir, sans trop de difficultés, à diviser les 27 autres pays de l'UE", a estimé M. Juncker. 

"Les Britanniques savent déjà très bien comment s'y prendre", a-t-il ajouté, "on promet telle chose à l'Etat A, telle autre à l'Etat B et encore autre chose à l'Etat C et au final il n'y a pas de front uni européen".

M. Juncker a admis avoir eu pour ambition au début de son mandat de faire remonter la confiance des opinions publiques dans le projet européen. "Et à présent me voilà occupé, plusieurs heures par jour, à planifier la sortie d'un Etat membre, ce n'est pas un travail d'avenir", a-t-il dit.

Le président de la Commission a dans le même temps réaffirmé que la Grande-Bretagne n'avait pas le droit de commencer à négocier des accords commerciaux séparés, alors que les Etats-Unis lui ont déjà fait miroiter un traité en ce sens.

"Nous ne devrions pas autoriser les Britanniques à faire comme s'ils pouvaient déjà conclure seuls des traités commerciaux avec d'autres parties car ils n'en ont pas le droit", a dit M. Juncker, "tant que la Grande-Bretagne est membre de l'UE la politique commerciale est du ressort de l'UE".

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