Référendum sur une révision constitutionnelle au Rwanda

09/12/2015
Référendum sur une révision constitutionnelle au Rwanda

Paul Kagame

Les Rwandais voteront le 18 décembre par référendum sur une révision constitutionnelle qui devrait notamment permette au président Paul Kagame d'être candidat à un nouveau mandat et de rester à la tête de l'Etat pour 17 ans supplémentaires, a annoncé le gouvernement.

Le Conseil des ministres a approuvé l'instruction présidentielle fixant la date et l'objet du référendum, a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué publié sur son compte Twitter à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire.

Les Rwandais se trouvant à l'étranger voteront le 17 décembre et ceux qui résident au Rwanda le 18 décembre, indique le communiqué.

Le Sénat rwandais avait adopté à l'unanimité fin novembre, après la Chambre des députés fin octobre, une réforme de la Constitution de 2003 permettant au président Kagame de briguer un nouveau mandat en 2017 - ce que ne lui permet pas le texte actuel - et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.

Afin d'être définitivement adoptée, cette réforme doit être soumise à un référendum dont l'issue laisse peu de place au suspense compte tenu de la faiblesse de l'opposition.

Le texte voté par le Parlement rwandais fait passer de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel, tout en maintenant la limite du nombre des mandats à deux, mais elle n'entrera en vigueur qu'à l'issue d'un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024, pour lequel le président en exercice reste éligible, de même qu'ensuite pour les deux quinquennats prévus.

Elu président en 2003 et réélu en 2010, Paul Kagame dirige de fait le Rwanda depuis que sa rébellion tutsi a mis fin au génocide en 1994 et chassé les extrémistes hutu du pouvoir.

Les autorités rwandaises affirment que cette révision est le fruit d'une initiative populaire, quelque 3,7 millions de Rwandais ayant signé des pétitions demandant un maintien au pouvoir de M. Kagame, 58 ans.

Mais de nombreux observateurs doutent de la spontanéité du mouvement populaire et y voient une manoeuvre orchestrée par les autorités, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son peu d'ouverture politique.

Paul Kagame a jusqu'ici indiqué qu'il ne se représenterait en 2017 que s'il était plébiscité par son peuple. Dimanche, lors d'une réunion rassemblant des cadres de son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), il a indiqué que sa décision serait basée sur le (résultat du) référendum.

Reste qu'un potentiel nouveau mandat de Paul Kagame risque de tendre encore un peu plus les relations entre le Rwanda et son ancien allié américain. La semaine dernière, Washington a de nouveau appelé M. Kagame à quitter le pouvoir à l'issue de son mandat actuel en 2017, soulignant que personne n'est indispensable.

Et pour la première fois, l'Union européenne a adopté une position tranchée, estimant que cette réforme menée dans l'intérêt d'un individu seulement perdait en crédibilité.

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