CIJ : victoire du Costa Rica

Le Nicaragua a violé la souveraineté du Costa Rica, a déclaré mercredi la Cour internationale de justice (CIJ), tranchant un différend qui empoisonne les relations entre les deux voisins depuis des années.

La plus haute instance judiciaire des Nations unies a estimé dans son arrêt lu en audience publique que le Costa Rica a souveraineté sur le territoire litigieux.

Le Nicaragua avait creusé trois chenaux dans la zone disputée et installé une présence militaire sur le territoire costa-ricien.

La CIJ a également conclu que le Nicaragua a violé les droits de navigation sur le fleuve San Juan que détient le Costa Rica depuis un traité de 1858.

Le Nicaragua a l'obligation d'indemniser le Costa Rica en raison des dommages matériels qu'il lui a causés par les activités illicites auxquelles il s'est livré sur le territoire costa-ricien, est-il écrit.

Les deux pays d'Amérique centrale réclamaient depuis des années un îlot de trois kilomètres carrés situé à l'embouchure du fleuve San Juan, appelée Isla Portillos par San José et Harbour Head par Managua. 

Ce territoire est protégé par la Convention sur les zones humides d'importance internationale, appelée Convention de Ramsar, entrée en vigueur en 1971.

L'arrêt de la CIJ satisfait pleinement le Costa Rica, a réagi le président du Costa Rica Luis Guillermo Solis, espérant que cette décision ouvre un horizon de dialogue entre les deux voisins. 

Le Nicaragua a fait savoir qu'il respectera le verdict par la voix de son ministre adjoint aux Affaires étrangères, Cesar Vega. 

Nicolas Boeglin, professeur de relations internationales de l'université du Costa Rica, a estimé que les deux gouvernements devaient désormais diminuer l'intensité de leurs déclarations et chercher à se rapprocher.

De son côté, le nicaraguayen Mauricio Herdocia, expert en droit international, juge que le Nicaragua, en tant qu'Etat, a l'obligation de respecter l'arrêt de la CIJ tout en admettant que nous nous attendions à un jugement plus salomonique de la part des juges internationaux, en référence aux jugements du Roi Salomon.

Le Costa Rica avait saisi une première fois la CIJ en 2010, se plaignant de la présence de l'armée nicaraguayenne sur un territoire de 3 km2.

Le Nicaragua a contre-attaqué en 2011 en pointant du doigt les dégâts environnementaux d'une route costa-ricienne longeant le fleuve frontalier. 

La CIJ a condamné le Costa Rica sur ce point mercredi sans que San José ait à verser une indemnisation à Managua. 

La CIJ doit également se prononcer sur les frontières maritimes des deux pays. 

Fondée en 1945, la CIJ, plus haut organe judiciaire des Nations unies située à La Haye, est chargée de juger les différends entre États. Elle ne dispose pas de moyens coercitifs pour faire appliquer ses décisions mais celles-ci sont, généralement, respectées en raison de l'accord donné a priori par les parties.