Colombie : l'accord de paix sera signé le 26 septembre

03/09/2016
Colombie : l'accord de paix sera signé le 26 septembre

260.000 morts et 45.000 disparus

L'accord de paix, conclu la semaine dernière avec la guérilla des Farc, sera signé le 26 septembre à Carthagène des Indes, station balnéaire et port important de la côte caribéenne. L'annonce a été faite vendredi par le président colombien Juan Manuel Santos.

"La paix sera signée le 26 septembre à Carthagène", a annoncé le chef de l'Etat. Son gouvernement a conclu un accord avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), à l'issue de près de quatre ans de négociations pour mettre fin à 52 ans de conflit armé.

Visiblement ému, M. Santos a d'abord dit "26 avril", lors de cette intervention à Carthagène, devant l'assemblée de la Confédération colombienne des chambres de commerce. Il s'est ensuite repris et a répété sa phrase de bout en bout, en appuyant bien sur la date du "26 septembre".

Le chef de l'Etat a ajouté qu'il s'agissait "peut-être de l'annonce la plus importante" qu'il ait faite dans sa vie.

Le 29 août à 00h00 est entré en vigueur le premier cessez-le-feu bilatéral et définitif jamais ordonné avec les Farc. Cette guérilla, la plus importante de Colombie est née en 1964 d'une insurrection paysanne. Elle compte encore quelque 7500 combattants armés.

L'accord de paix, conclu à l'issue de pourparlers délocalisés à La Havane, doit être d'abord ratifié par la Xe conférence nationale des Farc. Celle-ci était originellement prévue du 13 au 19 septembre, mais la guérilla l'a reportée. Elle se tiendra finalement du 17 au 23 septembre, a tweeté Timoleon Jimenez alias "Timochenko", chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

Cette "dernière conférence de notre organisation en armes (...) ratifiera les accords de paix et entérinera la transformation des Farc en mouvement politique légal", avait indiqué la semaine dernière la guérilla. Elle se tiendra dans la plaine du Yari, près de San Vicente del Caguan, son ex-fief dans le sud du pays, en présence de 200 délégués des Farc, dont les 29 membres de l'état-major central.

Fait exceptionnel, elle sera ouverte à 50 invités nationaux et internationaux, ainsi qu'à la presse car, selon les Farc, "l'importance historique de cet évènement justifie que les peuples de Colombie et du monde s'informent directement du déroulement et des conclusions" de cette conférence.

Puis l'accord sera signé par le président Santos et par Timochenko. Il sera ensuite soumis à l'approbation des Colombiens par référendum le 2 octobre.

Les Colombiens auront à répondre par "oui" ou "non" à une seule question : "Soutenez-vous l'accord qui met fin au conflit armé et bâtit une nation stable et durable?". Pour l'emporter, le "oui" devra recueillir au moins 4,4 millions de voix (13% de l'électorat) et le "non" un score plus faible.

Selon une enquête de Cifras y Conceptos, la première depuis la signature de l'accord, 62% des Colombiens voteraient en faveur du traité de paix, 28% seraient contre et 10% restent indécis.

Bogota et les rebelles des Forces armées révolutionnaires ont signé la semaine dernière un accord de paix mettant fin à plus de cinquante ans de guérilla. Juan Manuel Santos, qui a fait de la paix un des enjeux de son mandat, a lancé une campagne pour inciter les Colombiens à soutenir l'accord. Mais de nombreux opposants, dont l'ancien président Alvaro Uribe, estiment que l'armée est la seule solution pour en finir avec les Farc.

La Colombie s'achemine vers la fin d'une guerre fratricide, le plus ancien conflit armé des Amériques qui, au fil des décennies, a impliqué plusieurs guérillas d'extrême-gauche, dont l'Armée de libération nationale (ELN, encore active), des milices paramilitaires d'extrême-droite et l'armée, faisant au moins 260'000 morts, 45'000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

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