Haïti en plein brouillard politique

16/06/2016
Haïti en plein brouillard politique

Arrangement viable pour la gouvernance provisoire

L'incertitude politique dans laquelle Haïti est plongée depuis l'expiration du mandat du président provisoire suscitait jeudi l'inquiétude de la communauté internationale et la colère de l'opposition.

L'ONU s'est déclarée profondément préoccupée par l'instabilité politique persistante en Haïti, où Jocelerme Privert avait été élu président provisoire par le Parlement le 14 février pour un mandat limité à 120 jours. 

Cette période a pris fin mardi mais les députés et sénateurs ne sont pas parvenus à tenir la séance en Assemblée nationale à laquelle ils étaient convoqués pour statuer sur le devenir du pouvoir présidentiel. 

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon appelle l'Assemblée nationale à prendre une décision de manière urgente et à déterminer un arrangement viable pour la gouvernance provisoire qui assure l'achèvement des élections et le retour à l'ordre constitutionnel plein et entier sans plus attendre, selon une déclaration.

Mercredi soir, Jocelerme Privert avait affirmé que la situation était sous contrôle, même si la fin de son mandat laisse place à un vide institutionnel. 

En ce moment précis, je le reconnaîtrais (Jocelerme Privert) comme étant le président par intérim d'Haïti, mais nous espérons que les autorités haïtiennes et le Parlement agiront bientôt pour clarifier cela a déclaré Kenneth Merten, le coordonnateur spécial pour Haïti au Département d'Etat américain, lors d'une conférence téléphonique.

L'opposition refuse quant à elle désormais de reconnaître à Jocelerme Privert le titre de président de la République et l'accuse de dérive anti-démocratique. 

Toute manoeuvre que M. Privert fait pour rester au pouvoir, sans titre ni qualité, le met hors la loi, en rébellion avec tout principe démocratique a déclaré jeudi, lors d'une conférence de presse, l'ancien premier ministre Evans Paul, à la tête du nouveau groupe de l'opposition Entente démocratique.

Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis la tenue du premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre dernier. Les résultats du vote avaient été largement contestés par l'opposition qui avait condamné un coup d'Etat électoral au profit de l'ancien président Michel Martelly.

Face aux contestations de l'opposition de l'époque et après un rapport de la Commission d'évaluation électorale, concluant que le scrutin avait été émaillé de fraudes massives, les autorités ont décidé d'annuler le vote et de reprendre à zéro l'élection présidentielle.

Pour choisir leur prochain chef d'Etat, les plus de six millions d'électeurs haïtiens sont donc à nouveau appelés aux urnes les 9 octobre et 8 janvier prochains.

Cette annulation du scrutin a suscité des réactions sévères de la communauté internationale qui s'est surtout inquiétée du coût de la réorganisation du vote pour la fragile économie du pays le plus pauvre de la Caraïbe. Le budget des élections avortées de 2015 avait été largement financé grâce à l'aide des pays étrangers.

Les États-Unis, qui ont versé 33 millions de dollars pour l'organisation des précédents scrutins, vont devoir examiner la poursuite de leur soutien à un autre tour des élections présidentielles en Haïti, a expliqué jeudi Kenneth Merten. Il nous revient de faire notre choix sur la façon dont l'argent des contribuables américains est consacré à l'élection en Haïti a-t-il ajouté.

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