Pérou : Pedro Pablo Kuczynski menacé

15/12/2017
Pérou : Pedro Pablo Kuczynski menacé

Pedro Pablo Kuczynski

Le Parlement péruvien décidera vendredi s'il accepte ou non de débattre de l'éventuelle "incapacité morale" à diriger le Pérou du président de centre droit Pedro Pablo Kuczynski, accusé par l'opposition de corruption dans le cadre du scandale du géant du BTP Odebrecht, qui éclabousse toute la région.

Un groupe de parlementaires d'opposition est parvenu à réunir les 26 signatures nécessaires pour solliciter ce débat visant à déclarer "l'incapacité morale permanente du président" et "la vacance de la présidence de la République".

La séance de vendredi permettra de décider si cette demande de débat, pour destituer M. Kuczynski, est acceptée, 52 votes de parlementaires (sur 130) étant nécessaires pour l'approuver.

En cas de feu vert, le débat sera organisé dans un délai minimum de trois jours, raccourci si les quatre cinquièmes des parlementaires l'exigent.

Pour que le président soit destitué, il faudrait ensuite le vote favorable des deux tiers du Parlement, soit 87 voix. Dans ce cas, son premier vice-président, Martin Vizcarra, prendrait sa place.

Jeudi, l'opposition avait exigé la démission du chef de l'Etat, au lendemain des révélations du groupe de BTP brésilien Odebrecht, qui a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées à Pedro Pablo Kuczynski entre 2004 et 2013.

Dans la soirée, le président a refusé de quitter ses fonctions. "Je ne courrai pas, je ne me cacherai pas et je n'ai aucune raison de le faire", a-t-il assuré dans un discours télévisé, promettant de coopérer à l'enquête.

Ancien banquier de Wall Street âgé de 79 ans, M. Kuczynksi avait nié dans un premier temps tout lien avec Odebrecht, avant d'être démenti par l'entreprise elle-même.

"Cela montre l'absence de vérité chez le président, ce qui constitue une incapacité morale", est-il écrit dans le texte signé par des parlementaires de différents partis d'opposition, dont le puissant Fuerza Popular dirigé par Keiko Fujimori, fille de l'ancien chef de l'Etat Alberto Fujimori (1990-2000).

Mme Fujimori avait perdu de justesse la présidentielle de 2016 face à "PPK", le surnom de M. Kuczynski.

"Le Pérou ne peut pas être dirigé par un président qui ment à son peuple", a estimé Daniel Salaverry, le porte-parole de Fuerza Popular.

Le gigantesque scandale de corruption Odebrecht a touché, outre le Brésil et le Pérou, des pays comme l'Equateur, le Mexique, le Panama et le Venezuela.

Mercredi, le vice-président équatorien Jorge Glas s'est vu infliger six ans de prison pour avoir perçu pour plusieurs millions de dollars de pots-de-vin du groupe brésilien. L'ex-président péruvien Ollanta Humala (2011-2016) est en détention provisoire, accusé d'avoir reçu trois millions de dollars au cour de sa campagne électorale.

Odebrecht a accepté l'année dernière de payer une amende record de 3,5 milliards de dollars aux autorités brésiliennes, suisses et américaines, après avoir reconnu avoir versé environ 788 millions de dollars à des hauts-fonctionnaires et des partis politiques de divers pays pour obtenir des contrats.

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