Espagne : Pedro Sanchez à la manoeuvre

15/02/2016
Espagne : Pedro Sanchez à la manoeuvre

Pedro Sanchez

Le chef du Parti socialiste espagnol (PSOE) Pedro Sanchez soumettra le 2 mars son programme au Congrès pour tenter d'être investi chef du gouvernement, espérant avoir réuni d'ici là une majorité, a annoncé lundi le président de la chambre basse.

La date du 2 mars (...) lui a paru raisonnable, a déclaré Patxi Lopez à la presse lundi.

Ce jour-là Pedro Sanchez, 43 ans, présentera son programme et demandera aux 350 députés de l'investir. Le débat parlementaire pourra cependant encore se prolonger jusqu'au lendemain, le 3, a-t-on précisé au Congrès. 

Les élections législatives du 20 décembre ont entraîné une fragmentation sans précédent du Parlement espagnol, partagé entre quatre forces politiques. 

Le Parti populaire (droite) est arrivé en tête, avec 119 élus, mais bien moins que lors du précédent scrutin, en 2011, où il disposait d'une confortable majorité absolue de 186 sièges. 

Du coup son dirigeant, le chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a renoncé pour l'instant à tenter l'investiture, sachant que les trois autres formations -- le Parti socialiste, le parti de gauche radicale Podemos, le parti de centre libéral Ciudadanos -- ont décidé de lui barrer la route et peuvent empêcher avec leurs voix toute formation de gouvernement.

Le roi Felipe VI a donc confié le 2 février cette mission à Pedro Sanchez, dont le parti est arrivé deuxième (89 sièges). Depuis, celui-ci cherche à convaincre les partis de changement de le soutenir. 

Pedro Sanchez a devant lui deux semaines pour tenter de rallier des soutiens dont il manque aussi à ce stade. 

Podemos et Ciudadanos, détenant respectivement 65 et 40 sièges nécessaires à son investiture, refusent tout gouvernement de coalition ensemble, voire de soutenir un cabinet intégrant l'un ou l'autre, étant diamétralement opposés sur la crise indépendantiste en Catalogne, puissante région du nord-est dirigée par des séparatistes.

Pour sortir de l'impasse, Podemos demande l'organisation dans la région d'un référendum d'autodétermination. Ciudadanos, qui s'est justement créé à Barcelone pour lutter contre l'indépendantisme, y est fermement opposé.

Le Parti socialiste pourrait éventuellement tenter un gouvernement de coalition à gauche, avec Podemos, mais le PSOE refuse l'organisation d'un referendum en Catalogne.

Lundi le chef de Podemos Pablo Iglesias a présenté à la presse un document d'une centaine de pages présentant les bases pour la construction d'un gouvernement de changement, contenant un véritable programme et allant jusqu'à définir les fonctions de chaque ministre. 

Il a dit que sa priorité restait le sauvetage des personnes, alors que le chômage dépasse 20%, sans renoncer au référendum.

J'espère de tout coeur que le candidat du parti socialiste sera mon président, a dit M. Iglesias, qui entend s'arroger la vice-présidence et le contrôle notamment des services de renseignement.

La présentation n'a pas plu aux socialistes.

Avec tous mes respects, je dis à Monsieur Iglesias, +Pablo tu ne sais pas où tu es+. Quand le chef de l'Etat t'a-t-il chargé de former un gouvernement', a réagi le porte-parole socialiste à l'assemblée Antonio Hernando, avec acrimonie, soulignant que le chef de Podemos n'a pas à décider de la composition du cabinet.

Faute d'entente pour l'instant avec Podemos, certains doutent ouvertement, même au sein du camp socialiste, des chances de M. Sanchez de décrocher l'investiture.

Le vote sur l'investiture ouvrira un délai de deux mois au-delà duquel le parlement sera dissous si aucun candidat n'est investi. De nouvelles élections devraient dans ce cas se tenir, en principe, en juin. 

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