L'appel de Berlin aux pays du Maghreb

15/01/2016
L'appel de Berlin aux pays du Maghreb

Steffen Seibert

Berlin veut obtenir des pays du Maghreb qu'ils cessent de freiner la réadmission de leurs citoyens devant être expulsés d'Allemagne sur fond de forte augmentation des demandes d'asile de ressortissants de ces pays ces derniers mois, a indiqué jeudi le gouvernement.

Les autorités allemandes ont souligné ces dernières semaines que lorsque les demandeurs d'asile du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie sont déboutés de leurs demandes et doivent être expulsés, leur pays refuse de les reprendre s'ils n'ont pas leurs papiers d'identité nationaux, bloquant dès lors la procédure malgré des accords de réadmission.

Tous les étrangers à qui, après une procédure équitable, il est notifié qu'ils n'ont pas le droit de rester doivent quitter le pays. Cela vaut aussi bien sûr pour les ressortissants de pays d'Afrique du Nord et il faut discuter de comment rendre ces reconduites possibles, a relevé lors d'un point-presse le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert.

Nous avons un accord de réadmission, ça veut dire que sur le papier tout est en règle, mais dans la pratique il ressort que c'est très problématique dans certains cas. Et il faut en parler pour que la pratique soit en accord avec le cadre juridique, a-t-il ajouté.

Selon le ministère de l'Intérieur, les arrivées de demandeurs d'asile marocains et algériens ont explosé en Allemagne ces derniers mois. Pour le mois de juin, Berlin en avait enregistré 847 d'Algérie et 368 du Maroc, tandis qu'en décembre ce sont respectivement 2.296 et 2.896 nouveaux arrivants qui ont été décomptés. 

Les ministères allemands des Affaires étrangères et de l'Intérieur ont lancé une initiative pour tenter d'amener les pays d'Afrique du Nord mais aussi des Balkans à accepter leurs ressortissants expulsés même s'ils n'ont pas de papiers d'identité de leur pays d'origine.

Il s'agit d'obtenir que ces pays reconnaissent comme pièce d'identité un laissez-passer émis par les membres de l'Union européenne.

Interrogé sur le sujet lors d'un déplacement à Berlin cette semaine, le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal s'est borné à dire qu'il fallait s'assurer que les personnes à réadmettre étaient bien des Algériens.

A Tunis, un responsable du ministère des Affaires étrangères a lui mis en avant la nécessité de détecter ceux voulant se faire passer pour des Tunisiens.

Il y a des immigrés demandeurs d'asile en Europe, qui détruisent leurs papiers d'identité et prétendent, une fois arrêtés par la police, être tunisiens alors qu'ils ne le sont pas, a dit ce responsable ne souhaitant pas être nommé.

L'Etat (tunisien) doit s'assurer que les immigrés à expulser sont bien des Tunisiens. Parfois les procédures de vérification d'identité prennent du temps, a-t-il fait valoir.

Le débat en Allemagne sur la hausse du nombre d'Algériens et de Marocains demandant l'asile a pris de l'ampleur depuis le début de l'année, une large part des suspects identifiés des agressions de la nuit du Nouvel An à Cologne étant originaires de ces deux pays.

Au total 652 plaintes ont été déposées après ces violences, dont la moitié pour des agressions sexuelles visant des femmes. Sur 19 suspects identifiés par la police de Cologne, 14 sont originaires du Maroc et d'Algérie.

L'Allemagne fait face à un afflux sans précédent de migrants, avec 1,1 million d'arrivants comptabilisés en 2015.

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