Réponse de l'OTAN à la Russie

10/02/2016
Réponse de l'OTAN à la Russie

L'époque de la Guerre froide est révolue

Les ministres de la Défense de l'Otan ont décidé mercredi de renforcer la présence avancée de l'Alliance atlantique en Europe de l'Est, soutenue notamment par le déploiement d'équipements lourds par les Etats-Unis, en réponse aux agissements de la Russie.

Les ministres, réunis mercredi et jeudi à Bruxelles, ont approuvé une présence avancée dans l'Est de l'Alliance, a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, lors d'une conférence de presse.

Cette présence militaire accrue sera multinationale, pour montrer qu'une attaque contre un Allié sera une attaque contre tous les Alliés, a-t-il souligné.

Des troupes alliées seront envoyées par rotations dans les pays de l'Est membres de l'Otan. La présence avancée sera soutenue par un programme d'exercices et par le dépôt d'équipements et de matériel dans la région, ce qui facilitera l'envoi rapide de renforts en cas d'attaque éventuelle, a décrit M. Stoltenberg.

Cette nouvelle stratégie illustre le concept de dissuasion moderne, nouveau mot d'ordre à l'Otan alors que l'Alliance est environnée de crises majeures et de conflits en Europe, sur son flanc Est (Ukraine)ou Sud (Syrie, Irak, Libye).

Ce nouveau cadre a été longuement discuté mercredi par les ministres de la Défense. Il inclut aussi les menaces hybrides, comme les cyberattaques ou la violence non-étatique incarnée par l'organisation jihadiste Etat islamique, et il prévoit de rappeler avec force la posture de dissuasion nucléaire de l'Otan, probablement lors du prochain sommet de l'Alliance en juillet à Varsovie.

La présence avancée vient compléter les efforts entrepris depuis 18 mois pour rendre les forces de l'Otan plus réactives et dissuasives en réponse à l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 et à l'offensive des rebelles prorusses dans l'Est de l'Ukraine.

L'Otan avait ainsi pris toute une série de mesures pour rassurer les pays alliés d'Europe de l'Est depuis le printemps 2014, comme l'ouverture de centres logistiques, le prépositionnement de matériel, l'envoi d'avions de chasse dans les pays baltes ou le déploiement de davantage de navires en mer Baltique et en mer Noire.

Washington va quadrupler en 2017, à hauteur de 3,4 milliards de dollars, les dépenses destinées à muscler la présence américaine en Europe, en y stationnant notamment des équipements de combat lourds (tanks, lance-roquettes,etc.), pouvant accommoder une division américaine (15 à 20.000 hommes). 

Par ailleurs, l'équivalent d'une brigade (soit quelque 3.600 soldats) sera à l'avenir stationné toute l'année dans les pays de l'Est, contre six mois par an actuellement, pour des exercices et entraînements.

Notre dissuasion est basée sur une combinaison de cette présence avancée et de notre capacité à renforcer rapidement, si besoin les troupes déjà déployées à l'Est, a précisé M. Stoltenberg.

Moscou met régulièrement en garde contre le stationnement permanent de forces de combat alliées substantielles à sa frontière, qu'elle considère comme contraire à l'Acte fondateur Otan-Russie, signé en 1997.

Nous ne vivons plus à l'époque de la Guerre froide, où des centaines de milliers de soldats étaient massés dans un face-à-face sur la frontière, a souligné M. Stoltenberg.

Par cette évolution, l'Alliance a trouvé un bon compromis entre les contraintes géopolitiques et les demandes des pays baltes et de la Pologne, très inquiets des agissements de la Russie et qui réclamaient l'installation de bases permanentes de l'Otan sur leur territoire, a analysé un diplomate.

Il ne s'agit pas d'une attitude escalatoire, provocante vis-à-vis de la Russie. Personne ne veut remettre en cause l'Acte fondateur, a assuré ce diplomate.

L'Otan compte dévoiler plus de détails en juillet à Varsovie, notamment quant au nombre de soldats que cette présence avancée va mobiliser en permanence.

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