Israël : 'La démarche française est déroutante'

16/02/2016
Israël : 'La démarche française est déroutante'

Benjamin Netanyahu

Les responsables israéliens ont multiplié mardi les déclarations publiques de défiance vis-à-vis de l'initiative diplomatique française visant à relancer l'effort de paix, actuellement paralysé, avec les Palestiniens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié de déroutante la proposition française de conférence internationale.

Cette proposition dit: +nous allons organiser une conférence internationale et si elle échoue, nous décidons par avance des conséquences; nous reconnaîtrons l'Etat de Palestine+, a-t-il dit à la presse à Berlin.

C'est l'assurance anticipée de l'échec de la conférence puisque les Palestiniens n'ont rien besoin de faire s'ils savent par avance que leurs exigences seront acceptées, a-t-il souligné.

Il a réitéré la ligne maintes fois répétée selon laquelle la paix devait être le résultat de négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens.

M. Netanyahu s'exprimait peu après que l'ambassadeur français à Tel-Aviv Patrick Maisonnave a été reçu mardi à Jérusalem par le directeur politique des Affaires étrangères Alon Ushpiz pour des entretiens sur l'initiative française.

Des diplomates français ont également eu au cours des derniers jours des entretiens sur le sujet avec des responsables palestiniens.

Ces rencontres s'inscrivent dans le projet français de ranimer le processus très mal en point censé mener à la création d'un Etat palestinien (la solution à deux Etats) et à la paix avec les Israéliens après des décennies de conflit.

Il passe par la création d'un groupe de soutien comprenant les membres permanents du Conseil de sécurité, un certain nombre de pays européens et arabes et des organisations internationales.

La France prévoit une action en deux temps, avec une réunion ministérielle internationale sans Israéliens et Palestiniens, puis une conférence internationale à l'horizon de l'été avec eux.

En cas d'échec, la France reconnaîtra l'Etat palestinien, a prévenu l'ancien chef de la diplomatie française Laurent Fabius, à l'origine de l'initiative, avant de quitter son poste.

A ce jour, 136 pays ont reconnu la Palestine, mais la reconnaissance par une puissance comme la France ferait date. La reconnaissance de la Palestine par la Suède fin 2014 avait provoqué la fureur israélienne.

L'initiative française part du constat qu'une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens est hors de portée, et que d'autres approches multilatérales ne fonctionnent plus. Elle prend en compte les violences en cours et le risque d'une détérioration encore plus grave, aux conséquences imprévisibles dans une région instable.

Les responsables israéliens ont saisi l'occasion de la rencontre entre MM. Maisonnave et Ushpiz pour exprimer leur méfiance. 

Tout le monde est contre l'initiative française, aussi bien la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini que les Palestiniens, a dit la ministre adjointe des Affaires étrangères Tzipi Hotovely à la radio publique.

Le fait qu'il n'y ait pas de négociations résulte uniquement de la décision des Palestiniens pour qui le conflit doit être réglé par un tribunal international, a-t-elle ajouté.

Après la rencontre entre MM. Maisonnave et Ushpiz, le porte-parole des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon a exprimé l'opposition israélienne à toute tentative de déterminer à l'avance les résultats des négociations. Pour autant, l'initiative française n'est ni acceptée, ni rejetée, a-t-il précisé ensuite.

Des sources françaises ont nuancé les propos israéliens, notant qu'au-delà des prises de position publiques, les Israéliens n'ont pas opposé une fin de non-recevoir définitive.

Avec beaucoup de prudence compte tenu de la multiplicité des inconnues - comme l'attitude américaine ou la persistance palestinienne à vouloir faire adopter une résolution de l'ONU dénonçant la colonisation - l'une de ces sources a envisagé que les Israéliens puissent venir à un évènement dont ils auraient inspiré les termes.

Elle a aussi objecté à l'une des principales critiques israéliennes que l'initiative ne vise pas à se substituer aux négociations directes mais à recréer un consensus permettant de créer les conditions pour que les parties se retrouvent.

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