L'Iran veut des garanties

16/02/2022
L'Iran veut des garanties

Hossein Amir-Abdollahian

L'Iran a affirmé vouloir une "déclaration politique" du Congrès américain dans laquelle les Etats-Unis s'engagent à revenir à l'accord sur le nucléaire et à le mettre en oeuvre.

Lors des pourparlers de Vienne pour sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire, Téhéran a exigé des garanties fermes prévoyant qu'une future administration américaine ne se retirerait pas d'un éventuel accord comme elle l'a fait en 2018.

"Par principe, l'opinion publique en Iran ne peut pas accepter comme garantie les propos d'un chef d'Etat, et encore moins de celui des Etats-Unis en raison du retrait des Américains" en 2018, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, selon une copie de son interview mercredi avec le Financial Times publiée sur le site du ministère des Affaires étrangères.

Le chef de la diplomatie iranienne a révélé avoir demandé aux négociateurs iraniens de proposer aux parties occidentales qu'"au moins leurs Parlements ou leurs présidents, y compris le Congrès américain, puissent proclamer sous la forme d'une déclaration politique leur engagement envers l'accord et à revenir à la mise en oeuvre" de l'accord.

Conclu à Vienne entre Téhéran et les membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) plus l'Allemagne, l'accord de 2015 offrait un allégement des sanctions à Téhéran en échange de restrictions sur son programme nucléaire, mais les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 sous le président de l'époque, Donald Trump. Ils ont parallèlement rétabli de lourdes sanctions économiques, incitant l'Iran à commencer à revenir sur ses engagements.

Les pourparlers de Vienne visent à ramener Washington à l'accord nucléaire, notamment par la levée des sanctions contre l'Iran, et à garantir le plein respect par Téhéran de ses engagements.

"Les engagements de l'Iran sont aussi clairs qu'une formule mathématique, a souligné M. Amir-Abdollahian. "Ce que nous sommes censés faire et comment ces mesures seront vérifiées par l'AIEA sont absolument clairs. Par conséquent, l'autre partie ne doit avoir aucune inquiétude", a-t-il ajouté. "Mais nous restons préoccupés avant tout par les garanties", a-t-il déclaré, ajoutant que "nous rencontrons des problèmes pendant cette période car l'autre partie manque d'initiative sérieuse", a-t-il dit.

Les pourparlers sur le dossier nucléaire iranien ont repris fin novembre après plusieurs mois de suspension. Les Etats-Unis sont indirectement conviés pour la première fois depuis l'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden, qui dit vouloir réintégrer le pacte.

Les Etats-Unis avaient annoncé il y a un mois qu'ils étaient prêts à des pourparlers directs avec l'Iran pour résoudre les problèmes en suspens mais Téhéran a déclaré que des conditions préalables devaient être remplies avant de s'asseoir à une table de négociation.

"Nous ne sommes pas prêts à entrer dans des pourparlers directs avec les Etats-Unis si nous n'avons pas une perspective claire de parvenir à un bon accord avec des garanties durables", a souligné le chef de la diplomatie iranienne. "Si les Etats-Unis ont de "réelles intentions" de parvenir à un accord, ils devraient prendre des "mesures pratiques et tangibles sur le terrain avant que des pourparlers et des contacts directs puissent avoir lieu", a-t-il ajouté.

Pour M. Amir-Abdollahian, "tout dialogue, contact et négociation directs avec Washington auraient des coûts énormes pour mon gouvernement".

Depuis août, ce sont des ultraconservateurs qui sont au pouvoir à Téhéran et ces derniers ont été les plus durs contempteurs des réformistes accusés de céder aux exigences des Etats-Unis.

Les relations américano-iraniennes sont rompues depuis avril 1980, quelques mois seulement après la chute du shah et l'occupation de l'ambassade américaine.