Centrafrique : le calendrier des élections reste extrêmement serré

09/12/2014
Centrafrique : le calendrier des élections reste extrêmement serré

Hervé Ladsous

Organiser des élections en République centrafricaine (RCA) d'ici août 2015 sera un défi considérable et il faudra une détermination très forte de tous les protagonistes de cette crise pour y parvenir, a souligné mardi un haut responsable de l'ONU.

Le calendrier des élections reste extrêmement serré, a déclaré le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, devant le Conseil de sécurité.

Malgré des pas positifs, a-t-il noté en référence aux préparatifs du Forum de réconciliation de Bangui, la conduite des élections avant août 2015 sera un défi considérable.

Il faut progresser sur le processus politique (...), il faut une détermination très forte de tous les acteurs et le soutien accru de la communauté internationale.

Tout retard supplémentaire au-delà du mois d'août 2015 pourrait compromettre la transition elle-même, a estimé M. Ladsous. J'exhorte les autorités centrafricaines à maintenir le cap et les partenaires régionaux et internationaux du pays à rester engagés de manière soutenue et coordonnée.

Il a notamment jugé indispensable que les autorités de transition à Bangui adoptent une loi électorale révisée ainsi qu'une méthode d'enregistrement des électeurs permettant aux milliers de déplacés et réfugiés, qui ont fui la violence qui règne dans le pays depuis mars 2013, de participer au scrutin.

Il faudra aussi, a-t-il rappelé, une amélioration de la sécurité, qui repose sur les forces internationales présentes dans le pays dont les Français de l'opération Sangaris, les Européens de l'Eufor-RCA et les Casques bleus de la Minusca (Mission de l'ONU en RCA).

A ce propos, M. Ladsous a précisé que la Minusca, qui est censée compter 12.000 hommes à effectif plein, va atteindre en décembre 80% du déploiement de ses troupes. En janvier, neuf des dix unités de police de la Mission seront déployées et la dixième arrivera peu après.

Lors de consultations à huis clos, M. Ladsous a évoqué la fin mars pour le déploiement complet de la Minusca et envisagé que le plafond de 12.000 hommes puisse être relevé, selon des diplomates.

La Minusca a commencé à exercer les pouvoirs spéciaux que lui confèrent les résolutions de l'ONU pour appréhender les fauteurs de troubles. Ainsi, depuis son déploiement en septembre, elle a arrêté 217 personnes qui ont été déférées aux autorités judiciaires locales, a dit M. Ladsous.

Il a par exemple mentionné l'arrestation, le 24 novembre près de Bouar, d'un dirigeant anti-balaka surnommé Chocolat ou Choco, transféré à Bangui.

Les anti-balaka sont des milices d'auto-défense formées majoritairement de chrétiens qui s'opposent aux ex-membres de la Séléka, la coalition rebelle à dominante musulmane qui avait pris le pouvoir en mars 2013.

Selon M. Ladsous, la situation sécuritaire demeure précaire et l'Etat central est au mieux faible mais bien souvent à peu près absent. Les civils demeurent constamment menacés et l'impunité reste un problème.

La RCA entre dans une phase critique à un moment où l'attention de la communauté internationale commence à se détourner, mais le risque reste élevé que des troubles additionnels puissent mettre cette transition en danger.

Selon la présidente du comité des sanctions de l'ONU contre la RCA, l'ambassadrice lituanienne Raimunda Murmokaité, des experts du comité avaient suggéré que les pays voisins fournissent aux Nations unies des statistiques sur leurs importations et exportations d'or et de diamants. L'exploitation illégale des ressources naturelles finance les groupes armés en RCA. Mais cette idée n'a pas recueilli de consensus au Conseil, a déploré l'ambassadrice.

De même, selon des diplomates, les experts du comité ont recommandé début novembre de sanctionner l'ex-président centrafricain Michel Djotodia, accusé de torpiller la transition politique à Bangui, mais aucune décision n'a été prise.

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