Premier accroc entre Macron et la Commission européenne

10/05/2017
Premier accroc entre Macron et la Commission européenne

Emmanuel Macron

La Commission européenne a accueilli fraîchement mercredi la proposition du président élu français Emmanuel Macron de réserver l'accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent au moins 50% de leur production en Europe. 

Cela "ne concorde pas" avec les règles de l'UE, a estimé un vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen.

S'il s'agit "d'une sorte de quota" imposant aux autorités publiques "d'acheter des produits ou des services, peu importe la qualité, peu importe le prix, seulement sur la base du quota géographique, cela ne concorde pas vraiment avec nos principes sur les marchés publics", a déclaré le commissaire européen à la Croissance et à la Compétitivité.

Ces principes "ont été créés pour protéger les intérêts des contribuables" et pour que "les fournisseurs de biens et de services" puissent "être sûrs qu'ils sont traités de manière égale", a-t-il ajouté, en marge de la présentation d'"un document de réflexion" de la Commission sur "la maîtrise de la mondialisation".

Mais "pour être honnête, nous ne savons pas concrètement ce qu'il va proposer à l'avenir", a-t-il précisé.

Emmanuel Macron souhaite dans son programme réserver "l'accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent au moins la moitié de leur production en Europe", une mesure qu'il qualifie de "Buy European Act".

Cette appellation fait référence au "Buy American Act", voté en 1933, mais qui oblige encore les agences fédérales des Etats-Unis à s'approvisionner prioritairement en biens produits sur le sol américain.

Selon des sources européennes, une telle proposition rencontre l'hostilité d'une partie des Etats membres, notamment "les pays nordiques" ainsi que l'Allemagne et la Belgique.

De fait, le secrétaire d'Etat auprès du ministère allemand de l'Economie, Matthias Machnig, a fait part de son opposition mercredi à la proposition Macron. "Je ne pense pas que ce soit une bonne proposition. Je pense que l'Europe a toujours été forte quand il y a eu des marchés ouverts", a-t-il expliqué à des journalistes allemands à Bruxelles. "A mon avis, l'Europe ne devrait pas tabler sur +Buy European+ mais sur la réciprocité. Nous voulons la même ouverture des marchés à l'étranger dont profitent des entreprises étrangères sur les marchés allemands ou européens". 

"Le protectionnisme n'entraîne pas de protection, mais l'isolationnisme engendre l'isolation. Et celui qui est isolé est laissé de côté", a pour sa part souligné Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, qui coprésentait le rapport sur la mondialisation.

Ce document, sans propositions concrètes, a été rédigé dans la lignée du "Livre blanc" du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, sur l'avenir de l'Europe, présenté en mars.

Bruxelles y concède que les "avantages" de la mondialisation "ne sont pas automatiques ni uniformément répartis entre les régions européennes et les citoyens".

"Déconstruire l'intégration européenne conduit toutefois à une impasse", estiment ses auteurs, pour qui "la mondialisation peut être bénéfique si elle est bien maîtrisée".

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